Intervention de Christèle Gras-Le Guen

Réunion du jeudi 24 septembre 2020 à 15h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Christèle Gras-Le Guen, secrétaire générale de la Société française de pédiatrie (SFP) :

Je considère que la représentation de la voix de l'enfant durant la crise sanitaire a été très modeste. Nous avons eu du mal à faire entendre les besoins spécifiques de l'enfant. Les mesures de distanciation sociale qui ont été appliquées étaient totalement déraisonnables. Elles n'étaient pas adaptées aux besoins des tout-petits en particulier.

Les médecins scolaires ont été très peu écoutés durant le déconfinement et ces dernières semaines alors qu'ils sont parmi les premiers concernés. Une réforme du troisième cycle d'études médicales a eu lieu récemment. La médecine scolaire a bénéficié d'un éclairage particulier de manière à susciter des vocations et à inciter des jeunes médecins à s'orienter vers cette voie mais malheureusement, cela n'a pas été le cas. Quasiment personne ne choisit la médecine scolaire car les conditions d'exercice ne sont absolument pas attractives. Il serait donc indispensable de revaloriser le statut des médecins scolaires afin de mieux coordonner la prise en charge des enfants et de mieux gérer les crises sanitaires.

Quant au caractère anxiogène des informations brutes délivrées au grand public, je viens de recevoir sur mon téléphone une information émanant d'un journal que je ne citerai pas, qui fait état en gros titre de quatre enfants en réanimation à Bordeaux, concluant que « le Covid touche tout le monde ». Pourquoi communiquer des informations aussi anxiogènes ? à qui profite le crime ? Nous n'avons jamais prétendu que les enfants ne développaient jamais de formes graves de la maladie mais ces cas graves sont rares. Plus le virus circulera, plus nous verrons de cas chez les enfants, bien évidemment, mais en proportion, ils représenteront toujours une part fortement minoritaire. Je me demande réellement où réside l'intérêt à entretenir ainsi le sentiment de peur des Français. Les parents risquent, en lisant de telles informations, de remettre en cause le discours des épidémiologistes et des scientifiques.

Il est important pour moi de communiquer positivement sur les gestes barrières, et de préparer la population à vivre avec ce virus – qui restera parmi nous pendant des mois. Nous ne pourrons pas maintenir un tel niveau de stress dans la population pendant aussi longtemps. Nous devons donc nous accoutumer à l'idée que nous allons devoir vivre – le plus intelligemment possible – avec ce virus. Lorsque je vois à la télévision un film mettant en scène un adolescent qui embrasse une amie, l'anniversaire de la grand-mère puis cette même grand-mère en réanimation, je pense que ce mode de communication n'aidera pas nos concitoyens à traverser les mois qui viennent. Il est donc urgent de lancer une communication qui ne reposerait pas sur la peur mais qui chercherait à responsabiliser chacun d'entre nous et sans stigmatiser les jeunes en leur procurant un sentiment de culpabilité à l'égard du malheur qui pourrait frapper leurs aînés. Un message aussi dramatique me paraît très choquant et malsain et je prône une communication positive.

Pour répondre à votre question sur les masques, les tout-petits sont peu souvent infectés et participent peu à la transmission du virus, mais cela devient de moins en moins vrai à mesure qu'ils grandissent. C'est ce qui explique pourquoi un seuil à onze ans a été défini. Cela correspond au passage au collège. C'est donc la raison pour laquelle le masque est introduit au collège. Toutefois, le port du masque ne doit pas être source de conflits.

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