Intervention de Bruno Bobkiewicz

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN-UNSA) :

Les évaluations nationales, qui ont le mérite d'exister, permettent d'évaluer les conséquences des choix de politiques publiques opérés par nos gouvernants. Cela dit, dans le moment que nous venons de vivre, c'est d'abord et avant tout sur l'évaluation réalisée par l'enseignant de sa classe que doit se concentrer l'attention, sachant qu'elle est plus pertinente et plus intéressante que l'évaluation nationale, qui ne correspond pas tout à fait à la nécessité du moment. Les deux sont complémentaires, mais les enseignants sont surtout attachés à la capacité à évaluer quotidiennement leurs propres élèves.

Concernant le numérique, les bilans que nous tirons sont régulièrement négatifs. Nous avons d'ailleurs récemment édité un livre noir du numérique, qui démontre à quel point de nombreux outils mis à disposition de l'Éducation nationale sont en mauvais état. Au-delà de l'importante question du numérique pédagogique, nous devons également traiter la question du numérique administratif, qui est également un sujet d'importance. Réunir des experts du numérique pour échanger sur le numérique n'est pas pertinent. Mieux vaut entendre des personnes qui ne sont pas à l'aise avec le sujet. Les experts du numérique doivent en outre éviter de donner des leçons à ceux qui n'en sont pas familiers, car le sujet demeure complexe. Nous devons également clarifier l'origine du financement du numérique, pour savoir qui finance quoi, considérant qu'il existe une difficulté entre l'État et les collectivités, de même qu'entre les fournisseurs et les destinataires des outils. Dans le premier degré, nous constatons que nous sommes en incapacité de communiquer rapidement avec des familles. Dans le second degré, nous constatons pareillement, à défaut de logiciel privé ou de solution de type SMS, que nous ne pouvons pas non plus communiquer rapidement avec des familles. Des questions doivent donc être posées en termes de déploiement et de financement de ces outils ; même s'ils ne sont pas au cœur de la pédagogie, il s'agit bien de dispositifs importants. Enfin, nous partageons l'idée que la généralisation des téléservices ne doit pas s'opérer à marche forcée, sachant que nous disposons aujourd'hui d'outils qui ne sont pas à la hauteur. Nous avons encore rencontré, cette année, de réelles difficultés s'agissant de l'orientation, du téléservice, de la téléinscription et des actuels outils de demande de bourses. La numérisation s'opère à marche forcée, mais les outils ne sont pas à la hauteur, ne donnent pas satisfaction et coupent une partie de la population de leur usage.

Enfin, en cas de nouveau confinement, plusieurs éléments paraissent essentiels. D'abord, nous devons instaurer une coordination ; c'est la principale leçon tirée par les établissements, qui ont pris du temps à la fin d'année et à la prérentrée pour identifier les points de fragilité et les forces apparus durant cette période. Nous devons ensuite disposer d'outils fonctionnels, qui soient rapidement à la hauteur du besoin. Peut-être devons-nous également instaurer un temps de coordination et de partage sur les choix locaux à opérer en termes de fonctionnement et de communication. Enfin, nous estimons nécessaire de créer une cellule de veille pour identifier les élèves les plus déconnectés et en décrochage.

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