Intervention de Sophie Giaretti

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Sophie Giaretti, conseillère nationale au Syndicat des enseignants de l'UNSA (SE-UNSA) :

Vous nous questionnez notamment sur le mal-être, les troubles psychiques et la possibilité d'instaurer des temps de parole. Pour rappel, les psychologues de l'Éducation nationale du premier degré couvrent un très grand nombre d'écoles et consacrent une très grande part de leur temps de travail aux bilans psychométriques. Dans le second degré, nous ne passons qu'une demi-journée par semaine au sein de chaque établissement. Le nombre de psychologues et le temps passé dans les établissements s'avèrent donc insuffisants. Malgré tout, nous faisons notre maximum pour mettre en place des temps de parole collectifs ou individuels. Cet outil joue un rôle très important par rapport à la question du mal-être, et nous souhaiterions pouvoir le déployer plus facilement et plus souvent au sein des établissements.

Cette observation rejoint la question relative à l'analyse des pratiques. L'analyse de la pratique est peu répandue – voire quasi inexistante – dans l'Éducation nationale, alors qu'elle est pourtant fondamentale. Il me semble donc impératif d'œuvrer pour instaurer cette analyse de manière pérenne et régulière et sur un temps véritablement dédié.

Une grande partie des enfants injoignables durant le confinement étaient déjà en situation de décrochage ou en délicatesse avec l'école. La problématique a également concerné des familles dont le lien avec l'école n'était pas construit ou stabilisé. Un travail non négligeable a donc été conduit en période de confinement pour trouver les numéros de téléphone permettant de joindre ces familles et ces enfants : via les copains, via des tiers résidant à proximité, via des éducateurs travaillant dans les établissements, qui se rendaient parfois au domicile des familles pour frapper à la porte et vérifier que tout allait bien. Le maillage ainsi créé s'est révélé fondamental. Même si nous avons pu le mettre en place durant la crise, il serait préférable que celui-ci s'organise avant le déclenchement de toute crise. Nous avons également eu affaire à des enfants qui, parce qu'ils étaient en difficulté pour travailler chez eux, n'étaient pas enclins à décrire la réalité de leur foyer pour expliquer leur potentiel manque de travail ou leur potentiel manque d'investissement.

Les professionnels de l'Éducation nationale ne sont absolument pas formés à la méthode de pleine conscience. Les seules formations en la matière s'opèrent sur le temps personnel et par sensibilité personnelle, sans institutionnalisation générale du procédé. Nous constatons, malgré tout, que ce sujet est de plus en plus souvent mentionné dans les échanges entre collègues, du moins à titre individuel.

Enfin, nous avons observé que des cellules d'écoute dédiées aux enseignants avaient été instaurées dans certaines académies. Ces initiatives locales mériteraient de faire l'objet d'une généralisation. Matériellement, ces cellules ne sont pas toujours faciles d'accès, puisqu'elles ne sont ouvertes que sur certains créneaux durant lesquels les enseignants ne sont pas nécessairement disponibles parce qu'en classe. Cela dit, nous pouvons au moins constater qu'elles ont été mises en place dans certaines académies, suite à des initiatives locales.

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