Intervention de François Bouchet

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 11h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

François Bouchet, directeur général de l'École polytechnique, président de la commission Vie étudiante de la Conférence des grandes écoles :

Pour prendre l'exemple de l'école que je dirige, à l'École polytechnique, où l'internat est obligatoire, il est difficile de garantir une vie étudiante alors même qu'un couvre-feu s'applique. Notre établissement est situé dans un quartier de la ville de Palaiseau, où il est interdit de circuler après 21 heures.

Nous devons donc inventer de nouveaux modes de fonctionnement. Les associations étudiantes envisagent d'organiser plus d'activités à distance, mais des contacts physiques sont également nécessaires. Nous mettons alors en place des protocoles sanitaires, comme la limitation du nombre d'étudiants dans les locaux, pour que les clubs étudiants puissent fonctionner.

En outre, nous avons engagé des discussions afin de reporter les temps forts de la vie étudiante. Par exemple, à l'École polytechnique, le forum des associations ne peut pas se tenir sous sa forme habituelle en présentiel. Il a alors été organisé sous une forme restreinte, mais sur site, tandis que certains aspects du forum ont été reportés à janvier 2021, en espérant que la situation sanitaire sera plus favorable à ce moment. Nous devons constamment nous adapter à celle-ci, mais nous parvenons à trouver des solutions.

Jusqu'à présent, les étudiants ont bien compris que la direction n'avait nul désir de les empêcher de vivre pleinement leurs 20 ans, mais que nous étions tous soumis aux mêmes contraintes. Nous devons faire acte de pédagogie vis-à-vis des étudiants, et leur faire comprendre qu'il ne saurait s'agir d'établir une forme de ségrégation – avec les jeunes d'un côté, et les moins jeunes, et notamment le personnel des établissements, de l'autre.

La crise est un problème de santé publique, qui nous concerne tous. Le respect des gestes barrières et des protocoles sanitaires constituent le seul moyen d'éviter des décisions beaucoup plus radicales, comme celles qui ont été prises lorsque les établissements ont dû être fermés.

Aujourd'hui, nous nous tenons sur une ligne de crête. Nous suivons quotidiennement l'état des cas positifs, des cas symptomatiques et des cas contacts au sein des établissements, et adaptons au mieux les mesures que nous mettons en œuvre, en tâchant d'éviter l'effet « yoyo », c'est-à-dire la réduction des contraintes avant leur renforcement quelque temps plus tard. Notre fenêtre de pilotage est de l'ordre d'une quinzaine de jours. Elle correspond à la période nécessaire pour vérifier l'éventuel développement du nombre de contaminations.

A l'École polytechnique, nous avons dû prendre la décision forte de donner tous les cours en distanciel et de caserner les élèves, afin d'éviter la prolifération des cas contacts. Au terme des 15 jours, nous avons pu confirmer que cette mesure avait eu l'effet escompté. Nous avons alors réduit la contrainte. Je pilote maintenant les cas au jour le jour, en espérant ne pas avoir à reprendre de décision autoritaire qui ne serait dans l'intérêt de personne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.