Intervention de Laurent Champaney

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 11h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Laurent Champaney, vice-président « écoles » de la Conférence des grandes écoles :

Avant de répondre à votre question, madame la présidente, je répondrai à celles de madame Buffet concernant le recrutement.

La première de ces questions portait sur les critères appliqués dans le cadre du recrutement via Parcoursup et la prise en compte de la situation sociale des candidats. Nos écoles ont l'habitude d'évaluer les jeunes à l'écrit ou à l'oral. A cette occasion, leurs conditions de vie personnelle et familiale sont discutées. Certes, une grande partie de l'opinion publique souhaiterait que le recrutement par Parcoursup soit totalement anonyme, mais nous avons milité, avec la CPU et la CDEFI pour que certaines informations, et en particulier le genre et le lycée d'origine des candidats, restent disponibles, car l'ensemble de nos écoles présentent de fortes ambitions en matière de diversité, et auront des difficultés à progresser en la matière si ces données sont anonymes.

De plus, beaucoup d'écoles sont impliquées dans les « cordées de la réussite ». Elles sont associées dans ce cadre à des lycées et des collèges afin de proposer à des jeunes en difficulté sociale des rôles modèles au travers de leurs étudiants. Nous avons donc besoin, dans nos recrutements, de privilégier ces établissements.

Cette année, nous avons mis en place un recrutement sans entretien oral, ce qui nous a fait perdre en informations. Pour autant, nous avons continué à nous fonder sur les dossiers de Parcoursup qui précisent toujours le genre et le lycée d'origine. Nous n'organisons pas les entretiens pour éliminer les mauvais étudiants, mais pour nous assurer que ceux que nous recrutons réussiront dans nos formations. Nous ne saurions les engager dans des formations sur cinq ans sans avoir certaines garanties. En 2020, cet oral, qui est souvent fondamental pour accompagner les jeunes les plus en difficultés, a manqué. Toutefois, nous avons choisi de conserver le calendrier de Parcoursup initialement prévu afin que les jeunes puissent toujours être accompagnés par les lycées et les services communs universitaires d'information et d'orientation (SCUIO).

La seconde question de Madame Buffet concernait l'adaptation des cursus des établissements à des jeunes qui sortent du lycée et à qui il a manqué un pan de leur formation en terminale en raison de la crise sanitaire. Dans nos écoles, cette adaptation est naturelle, car elles ont l'habitude de mélanger dans leurs effectifs des étudiants provenant de formations initiales différentes. Elles ont donc mis en place pour les étudiants de première année des mécanismes d'adaptation, qui ont été étendus pour combler les lacunes liées au confinement, par exemple pour des élèves qui n'ont pas pu suivre les cours à distance.

La question de madame la présidente portait sur les liens avec les entreprises. Nos écoles se sont fortement mobilisées avec leurs étudiants, pendant le confinement et jusqu'à l'été, sur la question sanitaire. Par exemple, les étudiants des écoles d'ingénieurs ont fabriqué des visières et des masques, et les ont distribués, ce qui leur a permis de conserver un lien social en dehors des cours. Cette mobilisation a suscité un grand engouement.

Nous avons également tâché de contribuer à la reprise économique des milieux socio-économiques pour lesquelles les écoles travaillent. Ils varient bien entendu d'un établissement à l'autre. Aux Arts et métiers, nous travaillons avant tout pour l'industrie. Dans le secteur agroalimentaire, les étudiants se sont mobilisés pour aider les entreprises à redémarrer leur activité. Dans mon école, nous avons organisé une opération destinée à aider les entreprises à faire repartir leur activité dans le cadre de la reprise économique tout en respectant des conditions sanitaires strictes. Nous leur avons également proposé d'accueillir nos étudiants afin qu'ils mettent en place la sécurisation sanitaire en milieu industriel dans le cadre de stages, et en particulier des stages ouvriers de première année, ce qui nous a permis de sauvegarder une partie des stages de nos élèves.

Aujourd'hui, nous tâchons de poursuivre ces démarches. Nous devions, avant la crise, accompagner les entreprises dans le « virage du numérique ». A celui-ci s'ajoutent maintenant le « virage écologique » et la reprise économique. Nous faisons en sorte que les projets de nos étudiants soient orientés vers ces axes. Toutes les aides qui peuvent être apportées aux entreprises dans le cadre de la relance économique sont importantes, et nous essayons de nous impliquer dans des actions, comme le volontariat territorial en entreprise porté par BPI France, qui encourage financièrement l'envoi de jeunes en alternance, en stage ou en premier emploi dans des entreprises isolées qui rencontrent des difficultés à reprendre leur activité, afin de les accompagner, notamment en matière d'écologie. Les grandes écoles relaient ces dispositifs auprès de leurs étudiants, avec un certain succès.

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