Intervention de Dominique Marchand

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 15h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Dominique Marchand, présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires :

La collaboration des services sociaux et des services de santé universitaire existait avant la crise, car bien souvent les problématiques des étudiants sont multiples et il convient alors d'organiser les liens. Pour autant, certaines disparités ont été constatées selon les territoires. Par exemple, à Montpellier, un seul service social existe. Il est piloté par le CROUS et il travaille en collaboration directe avec le service de santé universitaire. En Lorraine, le CROUS dispose d'un service social ainsi que l'université et ces deux services travaillent en étroite collaboration au sein d'une commission conjointe et commune. Toutefois, au sein d'autres territoires, ces deux services ne travaillent pas de manière aussi étroite. De plus, les services de santé universitaires se sont développés, notamment grâce à la contribution Vie étudiante et de campus (CVEC). Les effectifs des personnels de santé ont ainsi été renforcés dans les services de santé universitaire.

Lors de la crise, les universités se sont fortement mobilisées, à travers la CVEC, pour apporter des aides aux étudiants. Même en période de confinement et de télétravail des assistantes sociales, le CROUS a instruit deux fois plus de dossiers d'aides et a octroyé deux fois plus d'aides que l'année précédente.

Ce mouvement de mobilisation, provenant du CROUS et des universités, a donc renforcé les liens et a permis de démontrer qu'un travail commun s'avérait extrêmement nécessaire et qu'il convenait d'être complémentaire dans les aides apportées. Le lien entre le service social et le service de santé est d'autant plus prépondérant qu'il permet d'émettre des alertes. Ainsi, lorsque le service social détecte une situation difficile, il en informe le service de santé universitaire, et inversement.

Le décret, paru au mois de mai 2020 sous l'impulsion du ministère de l'Enseignement supérieur et en étroite collaboration avec l'association des médecins de service universitaire de médecine préventive, nous a profondément aidés. Il a, en effet, permis de renforcer l'implication des services de santé universitaire dans le cadre de la crise sanitaire ainsi que les liens avec les CROUS, notamment pour les étudiants hébergés dans nos résidences. Très honnêtement, ce décret a constitué une étape importante qui a marqué une différence significative dans l'implication des services de santé universitaire, d'autant que ce décret a été accompagné de protocoles et d'une annexe de références et de bonnes pratiques. Il a permis de prendre en charge du mieux possible les étudiants, hébergés dans nos résidences et qui pouvaient être malades. Cependant, même si nous avons dû soigner quelques cas isolés, nous n'avons pas enregistré de clusters. Quoi qu'il en soit, cette prise en charge des étudiants malades par les services de santé universitaire a été très rassurante pour les directeurs généraux de CROUS et a été très efficace.

Nous avons toujours entretenu des relations régulières avec la Conférence des présidents d'université (CPU) et nous assistons d'ailleurs tous les mois aux commissions Vie étudiante de la CPU. Néanmoins, au cours de cette période, nous avons également échangé régulièrement avec le ministère et les trois Conférences (CPU, Conférence des grandes écoles ou CGE, Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs ou CDEFI) et sur proposition du président de la CPU, nous avons échangé ensemble une fois par semaine, ce qui nous a permis d'approfondir l'étude des problématiques et de trouver des solutions. Les liens ont donc été resserrés localement, mais également nationalement.

Par ailleurs, le parc des CROUS compte 175 000 logements. Notre priorité consiste à terminer les réhabilitations. À cet effet, le CNOUS répartit, tous les ans, des crédits d'investissements à hauteur de 95 millions d'euros. Pendant la crise sanitaire, certains étudiants ont dû rester dans un studio ou une chambre et cette situation a renforcé notre objectif prioritaire de réhabilitation. Sur les 175 000 logements, nous devons encore rénover 16 000 logements environ. Toutefois, le terme « réhabilitation » peut induire quelques différences. Il peut, en effet, s'agir de réhabilitations lourdes portant sur des bâtiments qui n'ont pas été rénovés depuis des années ou bien de réhabilitations plus légères portant sur des bâtiments qui, eux, ont été rénovés récemment, mais qui ne sont plus en adéquation avec les besoins des étudiants.

Nous essayons, en outre, de nous montrer relativement actifs sur les constructions. Cependant nous rencontrons une difficulté majeure, au-delà de celle relative au financement, à savoir la recherche de foncier. À cet effet, tous les CROUS ne se trouvent pas dans la même situation. En effet, si un CROUS se situe dans une grande métropole attractive au sein de laquelle la problématique de logements concerne l'ensemble de la population, le besoin de logements sera, de fait, accru. Par exemple, la semaine dernière, je me suis rendu à Bordeaux pour inaugurer un espace de vie étudiante avec la ministre et le président de la région Nouvelle Aquitaine. Cette région et le CROUS ont réalisé des efforts considérables pour développer les logements étudiants et au cours de ces dernières années, 4 000 nouvelles chambres ont été créées. De fait, compte tenu de l'évolution du nombre d'étudiants dans cette région, même si nous créons des chambres, le pourcentage de chambre par étudiant demeure identique à celui constaté il y a cinq ans. Je me trouve actuellement en Corse où le CROUS rencontre également des problématiques, sachant que le parc ne compte que 800 logements.

Nous devons, par conséquent, fournir un effort continu qui doit porter principalement sur les grandes métropoles. Elles connaissent, en effet, l'évolution la plus importante du nombre d'étudiants et les loyers y sont les plus élevés. Au sein des métropoles de province, le parc privé est bien plus accessible et les étudiants peuvent se loger plus facilement, à des niveaux de loyers qui ne sont pas si éloignés de ceux du CNOUS. Le taux de remplissage dans ces villes n'y atteint d'ailleurs pas 100 %, du moins en cours d'année.

En résumé, l'estimation des besoins en logements doit être pondérée selon les sites et l'attractivité de la ville. Selon le rapport de 2008 de M. Jean-Paul Anciaux sur le logement étudiant, 10 % des étudiants devaient être logés dans des logements du CROUS. Nous n'avons pas encore atteint cet objectif au sein de tous les territoires, même si nos logements sont proposés en priorité aux étudiants boursiers et que nous les ouvrons aux autres lorsque des places sont disponibles. Même si nos tarifs sont relativement sociaux, sachant que le loyer d'un studio de 16 m², APL déduites, revient à environ 230 euros par mois, certains étudiants boursiers préfèrent toutefois rester chez leurs parents et emprunter les transports en commun. À Lille, par exemple, les transports en commun sont gratuits pour les étudiants. Certains préfèrent donc rester au domicile familial, car le coût, en fin de mois, s'avère moins important que le paiement d'un loyer. De fait, même si nous devons poursuivre nos efforts, tous les étudiants boursiers ne souhaiteront pas être logés dans nos résidences. C'est pourquoi il me semble que le taux de 10 % d'étudiants devant être logés dans des logements du CROUS constitue l'objectif à atteindre.

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