Intervention de Laurent Zakrzewski

Réunion du jeudi 29 octobre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Laurent Zakrzewski, directeur général-adjoint du conseil départemental de la Moselle, chargé de la solidarité :

Je vais donner mon regard de technicien - et Madame Kuntz apportera son regard d'élue – suite aux questions posées par Mme Buffet, que je salue.

Sur la question des droits de visite et d'hébergement, je suis aussi dans la lignée de ce qui a été dit. Nous devons travailler plus étroitement avec la justice. Nous l'alimentons d'un certain nombre de préconisations, analyses et rapports sur la situation des enfants ; il faut que nous soyons davantage ensuite dans une écoute, dans une pédagogie particulière, pour que nos messages puissent passer le plus efficacement possible. D'une manière générale, nous ne savons pas encore aujourd'hui si nous suspendrons tous les droits de visite et d'hébergement. A date, nous avons tendance à penser que non, mais nous verrons quelle sera l'évolution de la situation, en fonction des précisions apportées par le Premier ministre. Compte tenu du fait que les écoles vont rester ouvertes, et que la vie des enfants différera de celle du confinement du printemps, il me semble important de maintenir un lien familial. Encore une fois, cela devra s'étudier au regard des situations individuelles, des parcours individuels, et au moment où la question se pose.

S'agissant des relations avec la préfecture, nous rejoignons, avec Madame Kuntz, ce que vient de dire Madame Pantel : nous nous inscrivons de la même manière dans ses propos. En Moselle, des réunions de concertation ont été organisées juste avant le début du confinement, sur la prise en charge des enfants des publics prioritaires. Cette cellule, installée le samedi ayant précédé le démarrage du confinement, a perduré tout au long de celui-ci. Nous y avons été invités, car étant directement concernés, notamment à travers la PMI, et nous avons pu passer un certain nombre de messages. En dehors de cela, et en dehors des relations directes entre le président du département et le préfet, nous n'avons pas été invités à nous exprimer et à donner notre opinion au sein d'autres instances.

J'ajoute que des services de l'Etat ont découvert que le département de la Moselle avait 1 850 enfants confiés, répartis dans une vingtaine d'établissements, et que cela posait des problèmes et des questions sur le suivi éducatif. Nous avons rédigé un courrier au ministre de l'Education nationale, mais n'avons pas eu de réponse sur une prise en charge éducative des enfants dans les MECS, alors que l'on sait que les enfants placés ont des difficultés scolaires exacerbées par rapport à d'autres enfants.

Sur le rôle de l'Etat dans le portage de la politique de l'enfance, je voudrais partager à la fois mes questionnements et mes doutes. Renforcer la place de l'Etat, oui, mais pourquoi ? Quelles sont les raisons qui motivent ce renforcement de la place de l'Etat dans la politique de l'enfance ? Sont-ce de bonnes raisons, ou de mauvaises raisons ? Que l'on nous dise pour cela pourquoi l'Etat souhaite renforcer sa place en matière de politique de l'enfance.

Par ailleurs, comment cette évolution prendrait-elle forme au quotidien ? Nous allons peut-être élargir le spectre des participants et des personnes pouvant donner un avis et prescrire un certain nombre de choses, ce qui donnera lieu à une émulation collective intéressante, mais cela suppose de bien connaître le rôle de l'Etat dans un tel mouvement : sera-ce un Etat conseiller, accompagnateur, censeur ? Là aussi, nous nous inscrivons dans les propos de Madame la présidente Pantel : les contractualisations aujourd'hui signées avec l'Etat, dans les domaines de la pauvreté et de l'enfance, sont une opportunité formidable pour les mosellans et les mosellanes, mais nous restons très vigilants quant à la manière dont les leviers d'action se mettent en place, se construisent avec les services déconcentrés de l'Etat. Effectivement, nous pouvons avoir l'impression d'être autour de la table pour rendre des comptes sur tout ce qui a été fait depuis les lois de décentralisation – avant même de commencer quelque chose. On nous dit, à mots un peu découverts, que l'on n'a pas fait suffisamment notre travail, mais qu'un certain nombre de services de l'Etat sont désormais présents pour nous aider et nous accompagner. Face à ce discours, j'ai demandé à ces mêmes services quelles étaient leurs propositions… J'attends encore les réponses.

Oui à la place de l'Etat, dans son essence même, dans son essence démocratique, républicaine, d'égalité sur les territoires. Attention toutefois à la posture et aux raisons qui motivent cette place, tout particulièrement dans le domaine de l'enfance.

Enfin, la question a été posée des expériences à reproduire à nouveau aujourd'hui. Encore une fois, la situation ne sera pas la même qu'au printemps. La possibilité de scolarisation, prépondérante, sera une donnée importante dans ce que l'on pourra mobiliser sur l'accompagnement des enfants. Alors que dans la première phase, nous avions pu proposer des modalités de travail éducatif spécifiques, en passant sur un rythme de douze heures, avec à la clé un certain nombre de résultats éducatifs et pédagogiques, le cadre sera différent pour ce second confinement : les enfants seront dans un rythme normal, par rapport à ce qu'ils vivent normalement dans les établissements. Dès lors, nous serons attentifs à la question des droits de visite, comme indiqué, mais aussi au besoin de faire en sorte que les personnels des établissements – MECS et CDE (centre départemental de l'enfance) – soient en nombre suffisant, et ne soient pas touchés par le virus. Autant dans la première situation, nous avons pu instituer des renforts, autant cette fois-ci, les renforts se compteront sur les doigts d'une main. Nous serons très attentifs à ce que le rapport entre les éducateurs et les enfants au sein des établissements reste suffisant et de nature à garantir que tout se passe bien dans les moments d'hébergement.

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