Les principales conséquences de la crise sont psychologiques. La période a été difficile pour ces jeunes déjà fragilisés par la vie, ayant vécu une rupture familiale. La plupart d'entre eux vivent à plusieurs, dans des appartements. La vie en colocation n'est pas simple pour eux, d'autant qu'ils ne l'ont pas choisie. Le huis clos a parfois pu exacerber des tensions préexistantes entre certains jeunes. D'autres jeunes vivent seuls en appartements. Eux ont pu se sentir très seuls, sans possibilité de sortir, sans permanence du Refuge. Cette situation a donc renforcé leur isolement. Pendant le premier confinement, les travailleurs sociaux étaient en télétravail et en chômage partiel, ce qui a ralenti le suivi pour ces jeunes. Ce suivi a été maintenu par visioconférence, mais ralenti, et certaines démarches ont été rendues impossibles, car des structures étaient fermées pendant le premier confinement. Cela a donc retardé de nombreux projets.
De notre côté, nous avons essayé de nous adapter à la situation. Nous avons ainsi mis en place une cellule de crise et des bénévoles ont été chargés d'appeler des jeunes tous les jours, pour vérifier que tout allait bien, que ces jeunes n'avaient pas de symptôme de covid-19 et pour garder le lien. Nous avons également organisé des visios avec les travailleurs sociaux, les thérapeutes et les bénévoles, pour conserver ce lien.
Nous avons fourni de la nourriture aux jeunes, que nous avons livrée une fois par semaine dans les appartements des jeunes. Nous leur avons fourni le gel, les masques et le matériel nécessaire, qui nous avaient été transmis par la région Ile-de-France, des mairies, des particuliers et des mécènes. Tout au long de la crise, nous transmettions également aux jeunes les informations officielles, concernant par exemple l'autorisation de se déplacer dans un rayon d'un kilomètre, le couvre-feu, etc.
La crise a rendu les recherches d'emploi plus difficiles, puisque cette crise sanitaire s'accompagne d'une crise économique. Il est encore plus difficile pour ces jeunes de trouver un emploi actuellement, notamment dans le domaine de la restauration.
Comme de nombreuses associations, nous avons fait face à une importante baisse de dons, suite à la crise, allant jusque 40 %. Afin de compenser cette baisse, nous avons ces derniers temps sollicité nos partenaires.
Le Refuge est accessible par une ligne d'urgence 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Il s'agit d'un numéro national, valable sur toute la France. Pendant la période actuelle, nous avons constaté une hausse de 30 % des appels sur cette ligne d'urgence. Ces appels sont plus longs que d'habitude et nous notons une augmentation du nombre de mineurs qui appellent pendant la période de confinement, sans doute en raison de la fermeture de l'école, ce qui a augmenté les tensions. Plus généralement, les violences intrafamiliales ont augmenté et les personnes LGBT les ont également subies.
Pendant le premier confinement, nous avons remarqué une augmentation du nombre de jeunes mis à l'abri en urgence. Habituellement, lorsqu'un jeune nous contacte, il passe un entretien préliminaire avec un travailleur social. Dans l'urgence, ces entretiens ont été raccourcis. Ils ont été effectués par téléphone et nous avons placé des jeunes à la rue dans des hôtels ou des appartements. Cette augmentation a surtout été constatée à Marseille et à Paris.
Le Refuge peut compter sur l'aide de ses partenaires réguliers et sur celle des collectivités locales, qui continuent de nous soutenir et de nous aider.