, président du Mouvement d'affirmation des jeunes lesbiennes, gays, bi et trans (MAG). Pendant le confinement, la situation des personnes LGBT a été particulièrement dramatique, à l'échelle mondiale comme à celle de la France, comme l'a observé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les Droits de l'Homme, avec une communication effectuée auprès des Etats membres de l'ONU. La situation des jeunes LGBT a été soulevée et, en tant qu'association qui porte leur voix, nous avons nous-mêmes pu le constater. Comme le Refuge, nous avons adapté nos modalités de fonctionnement pendant le confinement, car nous ne pouvions plus organiser de permanences physiques pour soutenir les jeunes. Nous avons donc organisé en distanciel l'ensemble de nos activités, avec notamment la mise en place d'une ligne d'urgence, afin que les jeunes LGBT puissent nous contacter, notamment ceux qui sont victimes de violences intrafamiliales. Nous avons de plus poursuivi notre cellule d'écoute psychologique et avons travaillé avec des applications comme Zoom ou Discord, pour maintenir le lien et rompre l'isolement.
Nous avons dû cesser plusieurs activités, comme nos interventions en milieu scolaire et les grandes manifestations que nous effectuons. Nous avons aussi dû effectuer de nombreux plaidoyers auprès du secrétariat d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Nous avons dans ce cadre contacté des députés de la majorité, comme Sonia Krimi, mais aussi des députés communistes, socialistes et France insoumise, qui ont soutenu l'ensemble de nos démarches. Nous sommes partis d'une observation de terrain, avec notamment le cas d'un jeune lyonnais qui n'avait accès à aucun hébergement et ne pouvait pas être accueilli par le Refuge. Nous avons donc dû lui trouver une solution en urgence, en lien avec la collectivité territoriale et la préfecture. Ce jeune a donc finalement pu être mis à l'abri. Il s'agissait d'un jeune majeur, victime de violences sexuelles, perpétrées par un membre de sa famille, et de violences de la part de son voisinage. Il s'agit donc d'un cas exacerbé de violences intrafamiliales.
Avec SOS Homophobie et Acceptess-T, nous avons pu observer que de nombreux jeunes LGBT n'avaient pas accès à un hébergement d'urgence. Pendant le confinement, toutes les situations ont été exacerbées, notamment les violences intrafamiliales, mais aussi le fort besoin de lignes d'urgence nationale, comme le 39 19. Pendant le confinement, le manque de ligne d'urgence clairement identifiée sur les problématiques propres aux LGBT nous a empêchés de quantifier le nombre de personnes dans le besoin. Nous n'avons pas non plus pu communiquer à l'échelle de l'État. Sur la plateforme Arrêtons les violences, nous avons donc demandé une généralisation du dispositif 39 19 pendant la période de confinement, ou la création de dispositifs spécifiques à la période de confinement, de façon décentralisée. Une prise en charge dans les territoires implique en effet la mise en place de dispositifs dans les départements, comme pour les femmes victimes de violences conjugales, par les services déconcentrés de l'État, en lien avec les associations. Une de nos recommandations est donc de décentraliser, de faire en sorte que les services déconcentrés de l'Etat prennent en compte cette question et que des financements puissent passer par des associations généralistes et spécialisées, comme le Refuge.
En ce qui concerne les signalements, nous avons utilisé la plateforme Arrêtons les violences. Pour ces procédures, il est nécessaire de former les officiers et les référents prenant en compte ces signalements sur la plateforme, ainsi que les officiers de police, pour que ceux-ci connaissent les dispositifs locaux dans les différents départements. Or dans certains départements, les policiers ne faisaient rien pour les jeunes LGBT victimes de violences. Lorsque nous orientions ces jeunes vers des officiers supposés être des référents LGBT dans les commissariats, rien n'était mis en place. Ces situations n'ont pas cours à Paris, où un officier LGBT est clairement identifié par la préfecture de Police.
Les jeunes mineurs ne connaissent pas suffisamment le 119 et, pendant le confinement, les cellules de recueil, de traitement et d'évaluation des informations préoccupantes (CRIP) demeurent elles aussi peu connues. A la CRIP de Paris, aucun signalement de LGBTphobie n'a été effectué en 2018, dans la famille ou à l'école. D'un point de vue général, l'aide sociale à l'enfance (ASE) et son personnel ne savent pas forcément que, si un jeune vit des violences intrafamiliales à caractère LGBTphobe, un dialogue au sein de la famille doit commencer. Selon nous, ce dialogue doit commencer au plus jeune âge, pour faire en sorte, si le jeune est majeur, qu'il ne soit pas mis à la rue et que, s'il est mineur, il bénéficie de l'aide de l'État.
À la suite de nos échanges, nous pourrons aborder nos réactions suite au plan d'urgence de Marlène Schiappa et suite à celui qui est mis en place actuellement par le ministère de Madame Elisabeth Moreno. Lors du déconfinement, nous avons observé le suicide de plusieurs adhérents et anciens adhérents. Pour avoir des revenus pendant le confinement, certains adhérents ont dû recourir au travail du sexe. Les jeunes LGBT sont des sujets à risque en matière de dépression et, pour eux, les risques suicidaires sont de 3 fois à 7 fois supérieurs à leurs homologues hétérosexuels. Par rapport à ces derniers, les jeunes LGBT courent 3 fois plus de risques de subir des violences intrafamiliales. Les jeunes LGBT étaient en outre déjà extrêmement à risque du point de vue des troubles psychologiques avant le confinement. Ce dernier a exacerbé les risques psychologiques chez ces jeunes.
Compte tenu du reconfinement, nous avons remis en place les activités initiées pendant le confinement.