Intervention de Frédéric Gal

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Frédéric Gal, directeur général de la Fondation Le Refuge :

Je tenais à préciser tout d'abord que notre ligne d'urgence fonctionne en permanence. Il s'agit à la fois d'une ligne d'écoute et d'une ligne d'urgence, avec des appels de jeunes vivant des situations difficiles, d'exclusion, mais aussi de jeunes qui ont besoin de se confier. Pendant le premier confinement, nous avons reçu de nombreux appels de jeunes mineurs et notre ligne d'écoute a beaucoup fonctionné.

En ce qui concerne la question des mineurs, nous disposons d'un lieu de vie et d'accueil, situé dans le Gard, ouvert juste avant le confinement. Ce lieu a accueilli des jeunes mineurs pendant le confinement. Il est en effet très compliqué d'accueillir de jeunes mineurs, placés sous la protection des départements. Forcément, cette protection suppose une série de mesures et il est très compliqué d'accueillir un mineur en hébergement. Cependant, pour notre lieu de vie et d'accueil, le département du Gard nous a octroyé un agrément nous permettant d'accueillir sept mineurs et nous travaillons avec les services de l'ASE. Comme le rappelait Omar Didi, la formation relative aux questions LGBT est primordiale pour l'ASE. Madame Buffet soulignait cette lacune et nous interpellons régulièrement les pouvoirs publics sur cette question de l'ASE, composée de travailleurs sociaux, qui ne reçoivent pas de formation sur cette question. Le Refuge est organisme de formation et peut intervenir sur ces sujets, qui sont primordiaux pour nous.

Dans le cadre du premier confinement, nous avons poursuivi notre fonctionnement, sans permanence ni lieux communs dans lesquels nous pouvions nous retrouver. L'enjeu n'est pas seulement de mettre les jeunes à l'abri dans un hôtel, mais il faut également envisager la question de la nourriture et celle de l'accompagnement au quotidien.

Le dispositif d'écoute que nous avons mis en place pour les 284 jeunes hébergés à ce moment a permis de rester en contact régulier avec eux. Chaque jour, un bénévole ou un membre de l'équipe a pu les appeler, pour faire un point sur leur parcours. Le nombre d'heures d'écoute a donc nettement augmenté pendant cette période.

La question de la professionnalisation des acteurs est en outre primordiale, à la fois pour faire vivre notre structure, mais également en termes de compétences. Les demandes que nous recevons augmentent chaque année et le rapport de SOS Homophobie le montre. Ce rapport et le nôtre ne constituent néanmoins que des extraits de la réalité. De très nombreux jeunes sont exclus, frappés, humiliés, sans qu'ils aient été forcément comptabilisés dans ces chiffres.

Enfin, en ce qui concerne la prostitution, nous sommes confrontés, avec nos jeunes résidant en lieu de vie et d'accueil, à une forme de prostitution plus sournoise que la prostitution de rue. Il s'agit en effet d'une prostitution sur internet, avec des échanges de services, qui peuvent être sexuels, mais il peut également s'agir de photos. Cette situation représente un véritable fléau. Nous avons la chance de compter une équipe de quatre encadrants, travailleurs sociaux, qui accompagnent ces jeunes dans le lieu de vie.

Le Refuge a pour principe que tous les jeunes qui nous contactent disposent d'un hébergement. 40 nous ont ainsi contactés pendant le confinement et tous ont pu disposer d'un hébergement. Nous rencontrons également des difficultés dans les territoires d'Outremer. La Refuge est la seule structure nationale offrant ce type de services. Malheureusement, je ne pense pas que nous arrêterons notre activité dans un proche avenir. Merci de votre attention.

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