Intervention de Omar Didi

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 10h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Omar Didi :

Pour répondre à la question des statistiques, je vous propose, à l'issue de cette audition, de vous faire parvenir nos différentes données statistiques actualisées. Ces deux dernières années, de nouvelles données ont été réactualisées, la plupart des recherches françaises datant auparavant du début des années 2000. Le milieu associatif se basait avant cela sur des recherches américaines ou hollandaises.

Je peux en outre vous faire part d'un autre chiffre : un jeune LGBT sur deux est victime de harcèlement scolaire en 2018, contre un sur dix en population générale. Ces chiffres sont donc dramatiques. Nous vous enverrons ces données, ainsi que leurs sources, sur lesquels vous pourrez vous baser pour établir votre rapport. D'après les dernières données de Santé publique France, les jeunes LGBT se suicident deux à trois fois plus que leurs homologues hétérosexuels.

En ce qui concerne l'accompagnement psychologique des jeunes LGBT, nous accordons une grande place au dialogue. Tous les jeunes LGBT ne sont pas victimes de violences, mais tout jeune, adolescent ou adulte, se pose des questions. Or on se pose encore plus de questions lorsque l'on est victime de LGBTphobie, sans que ces questions soient abordées dans les cours d'éducation sexuelle ni dans les cours d'éducation civique. De ce point de vue, la rencontre d'autres jeunes LGBT et l'accès à des formes d'accompagnement psychologique gratuit ainsi qu'à des activités culturelles et de loisirs, sont importants pour s'affirmer et affirmer son orientation sexuelle et son identité de genre.

Nous ne disposons par ailleurs pas de chiffres sur la prostitution et il ne me semble pas que de telles données existent s'agissant des mineurs, notamment les mineurs LGBT. Nous pourrons cependant vous fournir des chiffres sur les jeunes LGBT en général.

S'agissant de la précarité, vous avez sans doute abordé ce thème avec de nombreux acteurs dans le cadre de vos auditions. Effectivement, notre jeunesse est très précarisée. Si cette jeunesse subit d'autres types de discriminations, comme le sexisme, les LGBTphobies, le racisme, l'antisémitisme, etc., la précarité sera encore plus présente. Du point de vue de la précarité, une approche générale doit être adoptée, avec une véritable stratégie à destination de la jeunesse. Comme le Président de la République l'a rappelé, la France manque d'une stratégie pour sa jeunesse. Le MAG souhaite une stratégie claire pour les jeunes. Un Comité interministériel à la jeunesse pourrait être mis en place, comme cela a été évoqué par Gabriel Attal. Marie-George Buffet avait instauré une instance de dialogue entre la société civile et le ministère de la Jeunesse, en 1999. Comme nous l'avons constaté dans nos travaux avec les ministères, les dispositifs sont très nombreux dans de nombreux ministères, mais ces dispositifs ne sont pas du tout cohérents, en l'absence d'une stratégie globale. Nous souhaitons également que la garantie jeune soit généralisée et abondée par le Gouvernement. Cette garantie pourrait aller au-delà des 470 euros mensuels, pour faire en sorte que les jeunes disposent de davantage d'aides financières. Le Forum français de la jeunesse porte la proposition de l'ouverture au RSA à partir de 18 ans et les contrats jeune majeur devraient être généralisés, alors que nous savons tous que ces contrats sont très difficiles à obtenir. Ces contrats devraient être proposés à tout jeune sortant de l'ASE et ayant encore besoin d'accompagnement.

Pour revenir sur le cas du jeune lyonnais, c'est sans doute grâce à lui que le plan d'urgence a été mis en place. Ce jeune était suivi par l'ASE, puis a continué de vivre chez ses parents. Il était âgé de 21 ans et s'est tourné vers le Refuge pendant la période de confinement. La délégation du Refuge à Lyon lui a fait savoir qu'il ne lui était pas possible de l'héberger, parce que sa situation était trop complexe. Ce jeune s'est par la suite tourné vers le centre LGBT de Lyon et le MAG, ainsi que Stop Homophobie.

Pour finir, il me semble très important que des associations spécialisées soient mises en place, mais aussi que les structures de l'État existantes prennent en charge les jeunes LGBT, qui ne doivent pas être traités de façon complètement marginalisée. Ces jeunes entrent dans le droit commun, comme les femmes, les réfugiés, etc. Voilà ce qu'il faut viser, avec une stratégie cohérente, du point de vue de l'hébergement, de l'accompagnement social, etc. J'espère avoir répondu à l'ensemble de vos questions.

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