Intervention de Sandrine Mörch

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch, présidente :

Je voudrais m'inscrire un peu en faux contre le terme d'hibernation des associations. Au contraire, nous avons constaté lors du premier confinement le surgissement de nombreuses micro-associations, qui se sont emparées d'activités délaissées par les autres. Parfois, de simples individus se sont mis à coordonner quelque chose qu'ils connaissaient parfaitement bien, et que les services de l'État ne connaissaient pas. En effet, personne ne connaissait au départ réellement l'état d'urgence maximal que nous avons connu dès les premiers jours du confinement, à la différence de certains individus qui avaient pu en vivre à l'étranger. Je songe notamment à des membres de Médecins sans frontières ou de ce type d'associations.

J'ai en tête un certain nombre d'exemples, notamment à Toulouse. Je pense par exemple au C10, qui a fait office de plateforme pour appuyer les associations, et les mettre en lien avec le préfet. Il y a eu tout un travail d'approche pendant les trois premières semaines, même si cela a pu évoluer par la suite. Je pense également à l'association Rencont'roms nous, qui est une toute petite association culturelle, et qui a rempli des formulaires pour les populations des bidonvilles, pour le revenu de solidarité active (RSA), ou pour la continuité scolaire. Cela ne faisait absolument pas partie de leurs attributions.

Le collectif Les Invisibles s'est engagé au Mirail, l'un des grands quartiers de Toulouse. Comme son nom l'indique, il comprenait des jeunes qui n'étaient pas repérés par la préfecture, ou alors pas toujours dans le bon sens. Ils se sont énormément investis, parce qu'ils étaient les seuls à pouvoir aller chercher les habitants dans les quartiers, pour permettre une continuité pédagogique. Il en va de même pour Horizon Danse, qui regroupe des femmes absolument extraordinaires, des mères de famille, qui ont mis en lien des enfants qui étaient un peu en perdition.

Je n'appelle pas cela de l'hibernation, bien au contraire. Ces gens ont puisé dans leurs réserves personnelles, et ont trouvé un certain nombre d'arrangements. Les collectivités ont été assez réactives. Mais au départ, une espèce de solidarité s'est mise en branle, parce que des individus qui n'étaient pas nécessairement visibles, avec leur engagement citoyen forcené, se sont mis à travailler auprès de leurs concitoyens les plus proches, ceux qu'ils connaissaient bien. C'était particulièrement vrai dans les QPV. Je voulais vraiment leur rendre hommage.

Vous disiez que la crise nous a appris beaucoup de choses sur la nature humaine. Je suis absolument d'accord avec vous. Est-ce vrai également pour l'administration ? J'ai eu le sentiment, notamment avec les associations, qu'une très belle curiosité s'est réveillée et déployée, et nous sommes sortis un peu de tout ce que nous pensions savoir avant la crise.

Je pense qu'il faut souligner aussi que les associations souffrent de la complexité des dispositifs de subventions, en provenance de l'État, des collectivités, etc. Beaucoup de petites associations sont perdues. Or elles sont nombreuses, puisque seules 12 % des associations sont employeuses, ce qui en dit long sur le nombre de bénévoles qui tiennent tout le tissu associatif de notre pays. Les petites associations demandent un mode d'emploi. Elles sont noyées, comme nous le sommes parfois, nous députés, par l'interministériel. Elles ont besoin d'une boîte à outils pour devenir des vecteurs forts, pour expliquer et promouvoir ce que fait l'État, et qui est absolument colossal.

De même, je remercierai la crise pour les colonies de vacances. Elles étaient en perdition, et sont maintenant réactivées. Je pense que cela fait très plaisir à tous ceux qui ont vu avec beaucoup de désespoir les colonies de vacances se désintégrer peu à peu. Quelle est à vos yeux l'importance de ces colonies de vacances ? Elles traitent en effet largement des savoir-être. Comment être civique ? Comment être civilisé ? Comment être dans le respect républicain ? Comment vivre en collectivité ? Comment décrocher de son téléphone portable ? C'est à toutes ces questions que les colos apprenantes apportent des réponses. Je souhaiterais ainsi que vous nous parliez un peu de leur contenu, et que vous nous transmettiez vos pistes de réflexion d'ici au 19 novembre.

Enfin, allez-vous reproduire ce dispositif pour les vacances de Noël, de février, et de Pâques ? Il existe déjà de nombreuses demandes en la matière.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.