Intervention de Sébastien Lyon

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 15h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Sébastien Lyon, directeur d'Unicef France :

Nous avons eu du mal à faire exister ce sujet. Vous l'avez dit en introduction, l'attention médiatique était centrée sur la France. Nous avons publié beaucoup de choses, car nous avons eu accès à de nombreuses informations de nos collègues de différents pays. Les impacts de la crise apparaissent sans précédent. Des bureaux nous ont fait état d'un recul d'une dizaine, voire d'une vingtaine d'années dans l'accès à l'école, par exemple.

Nous avons beaucoup communiqué sur la fermeture des écoles. Cette situation est sans précédent dans l'histoire de l'humanité, avec un milliard six cents millions d'enfants qui n'avaient pas accès à l'école simultanément. Cette situation a des impacts. Aujourd'hui, six cents millions d'enfants ne sont toujours pas à l'école, et certains pays ont d'immenses difficultés à relancer leur système éducatif après l'avoir fermé. Je pense notamment à tous les pays d'Afrique subsaharienne.

Je discutais par exemple avec nos collègues du Sénégal il y a peu, et la remise en marche du système éducatif dans ce pays est extrêmement compliquée pour de nombreuses raisons. Les familles ont dû mettre en place des mécanismes de résilience qui n'incluaient pas le fait d'envoyer les enfants à l'école. Il y a eu une résurgence du travail des enfants à très grande échelle.

Nous n'avons pas de statistiques pour l'instant, mais ce type d'informations nous remonte de beaucoup de pays. Les enfants ne vont pas à l'école, les revenus baissent pour tout le monde, et les adultes essaient de trouver des solutions palliatives pour continuer à en avoir, si modestes soient-ils. Les enfants ont ainsi souvent été mis fortement à contribution dans de nombreux pays.

D'autres difficultés nous ont été remontées par des bureaux sur le terrain. Les enseignants ne sont souvent plus disponibles pour reprendre l'école. Dans beaucoup de pays, ils ne sont pas originaires de la zone dans laquelle ils sont affectés. Ils sont donc repartis vers leurs villages, vers leur ville, et ne reviennent pas forcément. Le cumul de toutes ces difficultés fait que le système éducatif est très difficile à relancer.

On constate aussi que dans les endroits où l'école a rouvert, les taux de décrochage sont très significatifs. Les règles diffèrent largement selon les pays, mais là où la France connaît des taux de 5 % à 8 %, ceux de certains pays atteignent 25 %, 50 %, voire beaucoup plus. Le retard pris dans le domaine de l'éducation se fait sentir maintenant, et se fera sentir pour de nombreuses années. Il s'agit d'une très grosse préoccupation pour nous.

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