Intervention de Jodie Soret

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 15h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Jodie Soret, chargée de relations avec les pouvoirs publics d'Unicef France :

Nous avons constaté que la scolarité de nombreux enfants avait été complètement bouleversée. Se pose également la question de la pauvreté. Cent cinquante millions d'enfants supplémentaires vont tomber dans la pauvreté du fait des conséquences de l'épidémie. Ce chiffre est extrêmement important.

L'Unicef s'est évidemment très fortement mobilisé sur la question des enfants, y compris à l'international, et l'une de nos craintes est que les progrès accomplis ces dernières décennies soient complètement balayés. En effet, tous nos domaines d'actions, que ce soit la protection, l'éducation, la nutrition ou l'accès à l'eau, ont été bouleversés, avec parfois des conséquences inattendues. Je pense par exemple à la question des violences liées au genre. Le mariage des filles repart à la hausse, parce que quand les familles sont pauvres, qu'il n'y a plus d'école, et qu'il n'y a pas forcément d'avenir, marier sa fille peut apparaître comme une solution.

Je me permets de faire ici un parallèle avec les impacts du changement climatique sur les enfants, dont les conséquences seront comparables. Les crises ont systématiquement les mêmes effets. Je pense également aux difficultés d'accès à une alimentation adaptée pour les enfants, ou à des services de santé qui poursuivent normalement leurs activités. Des suivis de grossesse n'ont pas lieu, ou sont fortement impactés par le risque de contamination, et par une activité ralentie. Cela implique que des enfants meurent davantage dans leur première année.

Ce sont des conséquences que nous constatons très clairement sur le terrain. C'est la raison pour laquelle nous appelons à une vigilance particulière en ce qui concerne les montants et les programmes de l'aide publique française au développement, que ce soit dans la gestion des crises, mais aussi sur les enjeux de développement sur le plus long terme. Nous l'avons dit à plusieurs reprises dans le cadre de la préparation de la loi sur le développement, mais les enfants ne sont pas suffisamment ciblés dans le cadre de l'aide publique au développement. Des consolidations devront ainsi avoir lieu autrement, car des progrès de dizaines d'années vont être complètement remis en cause.

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