Intervention de Pierre Mourot

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 11h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Pierre Mourot, représentant du Syndicat national des personnels du ministère de la Jeunesse et des sports-CGT (SNPJS-CGT) :

J'adhère d'autant plus à l'ensemble des propos exprimés que je n'appartiens pas encore à l'Éducation nationale.

Force est de constater que la jeunesse, à l'instar de l'ensemble de la société, manifeste une véritable inquiétude quant à la crise sanitaire et à une situation qui oscille entre confinement et déconfinement. Ils redoutent réellement la contamination, pas tant la leur que celle de leur famille. Il s'agit là d'un constat potentiellement très traumatisant. À l'inverse, lorsqu'ils se rassemblent dans leur tranche d'âge, en l'absence d'adultes, leurs comportements à risque, au demeurant inhérents à leur jeunesse, reprennent facilement leurs droits. Je pense que, pour les jeunes comme pour tout le monde, le maintien du lien et de l'interaction sociale, la pratique d'activités physiques et sportives sont nécessaires à leur équilibre psychique.

Il s'agit donc d'identifier les modalités adéquates de sorte à organiser ces activités. J'avoue ma perplexité face à la situation actuelle dans les établissements, notamment parce que les classes sont entières et qu'il est concrètement impossible de respecter les distanciations sociales. Je ne suis pas spécialiste, mais je m'interroge et je mesure aussi le niveau d'inquiétude des parents et des enfants eux-mêmes à ce sujet. À l'instar de ce qui se produit dans le monde du travail, les parents souhaitent que leurs enfants aillent à l'école. On en voit l'utilité mais il faut s'y sentir à l'abri autant que faire se peut, avec les moyens que l'on connaît, avec des outils tels que le port du masque, la distanciation. Force est de constater que c'est complexe.

Je suis issu du ministère des Sports et, dans le cadre de la réforme de l'organisation territoriale de l'État (OTE), nous intègrerons un pôle éducatif à compter du 1er janvier 2021. Aujourd'hui, le pôle éducatif est constitué de transferts dits à « isomission et isopérimètre » mais nous ne savons pas très bien comment il va vivre et quelle sera sa réalité. Les trois ministres – ministre de l'Éducation, ministre des Sports et ministre de la Jeunesse –, n'offrent aucune vision quant aux interactions entre les uns et les autres dans leur participation à ce grand pôle éducatif. Je pense que ce pôle recouvre un véritable enjeu et constitue un outil qui permettra d'identifier des solutions efficaces, notamment via le domaine périscolaire. Bien qu'il n'ait pas été très bien engagé cet été, le périscolaire offre une opportunité de diminuer les effectifs et j'y vois de la vertu. Certes, en période de crise sanitaire, le périscolaire perd de son intérêt. En revanche, je pense que le sport et la culture ont vocation à émanciper les gens, à faire en sorte qu'ils se sentent mieux dans leur tête, dans leurs corps et, finalement, mieux en société. Il me semble donc intéressant de réfléchir à cette organisation et de faire en sorte qu'à terme, les activités sportives physiques et sportives se développent car cela constituera l'un des enjeux de cette organisation. Il conviendra de distinguer les métiers de l'EPS et les métiers du sport, qui portent des valeurs différentes – malgré une complémentarité qu'il sera nécessaire de respecter.

Sport Santé et Préparation Physique (2S2P) a fait naître des inquiétudes au sein de l'Éducation nationale, ce que je comprends très bien. Cependant, il importe de ne pas faire d'amalgames. Actuellement, une relation existe entre les élèves, les parents et l'école. Le pôle éducatif nous permettrait d'avoir peut-être un regard plus ouvert en intégrant la société civile à cette relation, via ses clubs et ses institutions culturelles, venant ainsi enrichir la relation de sorte à être plus présents dans le temps vis-à-vis des jeunes, d'être plus proches d'eux en multipliant les angles d'attaque et de mettre en œuvre un accompagnement individuel de chacun plus performant.

Ce sont des pistes qui me paraissent pertinentes pour l'avenir, compte tenu de cette situation dans laquelle il est possible d'identifier une opportunité de créer, de remodeler notre vision éducative dans le domaine de l'éducation physique et sportive.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.