Intervention de Jean-Patrick Gille

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 15h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales (UNML) :

Nous n'avons pas de commentaire particulier à formuler sur le Plan Jeunes. Nous sommes totalement mobilisés pour le mettre en œuvre. Il nous dote d'une boîte à outils très large avec, notamment, la réactivation des emplois aidés, bien que les emplois d'avenir n'aient pas été remis en place, dans une volumétrie augmentée, ce qui nous permet de mettre les parcours des jeunes en œuvre en cherchant la solution adéquate.

Nous avions proposé la possibilité de mobiliser des fonds d'urgence. La crise sanitaire a engendré des moments d'urgence qui auraient nécessité le déblocage de fonds directement destinés aux jeunes, ce qui ne représenterait pas des sommes extraordinaires, mais nous ne disposons pas de cet outil. Nous avons la Garantie Jeunes, le PACEA, le fonds d'aide aux jeunes, lesquels requièrent la mise en place d'une mécanique administrative plus ou moins lourde.

Nous avons réalisé une étude détaillée, que nous vous communiquerons, incluant un questionnaire adressé à 25 000 jeunes correspondant au public des missions locales avec l'idée que de nombreux jeunes ont perdu leur emploi car ils vivent de contrats courts qui ne sont pas renouvelés. Par conséquent, ils ont été les premières victimes dans la mesure où tous les petits contrats se sont arrêtés. En dépit de l'effort produit par les organismes de formation sur le distanciel, les formations ont cessé pour la moitié des jeunes. La situation est très différente au niveau de l'alternance puisque le lien demeurait avec l'employeur. Je pense que les taux de poursuite y sont beaucoup plus élevés.

Les difficultés qui sont apparues étaient d'ordre alimentaire, d'hébergement et d'accès au droit. Nous avons préparé une note à ce sujet. Lors du premier confinement, le réseau a été totalement placé en télétravail. Les structures étaient fermées, mais un service minimum était assuré pour les tâches ne pouvant être effectuées en distanciel, même si nous avions essayé de dématérialiser un maximum de mesures. Néanmoins, dans le cadre du confinement strict, nous avons eu à traiter 25 000 cas d'urgence.

Se mettent en place le Plan Jeunes et l'obligation de formation. Nous avions repris notre activité quasiment à 100 % en présentiel pour ce qui concerne les personnels. Dans le cadre du nouveau confinement, nous donnons priorité au télétravail tout en maintenant un accueil en présentiel dans l'ensemble des structures en tant que service public. Nos 6 000 points d'accueil ne sont pas tous ouverts, mais chacune des missions locales propose des points en présentiel avec des aménagements d'horaires.

La difficulté réside dans la Garantie Jeunes qui comporte une phase collective que nous avions suspendue au cours du premier confinement, puis reprise avec un protocole consistant à limiter les groupes à sept, puis à six, ce qui nécessite davantage de locaux. Nous essayons de maintenir la Garantie Jeunes, les entrées et les parcours, lesquels se déroulent en distanciel et, au besoin, en différant la phase collective. De la même manière, alors que nous avions totalement cessé les périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), nous pouvons les maintenir. J'invite les personnels à faire preuve de vigilance et de discernement sur les situations de travail qui sont proposées aux jeunes, mais il ne s'agit pas d'un arrêt.

Nos effectifs ont crû à la rentrée. Nous avons rattrapé le retard des périodes d'inactivité, ce qui a conduit à un surcroît d'activité en août et en septembre. Nous revenions à un rythme normal avec, néanmoins, une augmentation par rapport à l'année précédente.

Dans la présentation du Plan Jeunes, une enveloppe est envisagée pour le soutien aux missions locales avec un objectif d'augmentation de 50 % de la Garantie Jeunes, passant de 100 000 à 150 000, et à 80 000 Parcours contractualisés d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (PACEA). En temps normal, les dialogues de gestion ont lieu en juin et les crédits votés en décembre arrivent en septembre dans les missions locales. Si nous voulons augmenter nos capacités, notamment en Garanties jeunes, ce qui nécessite des locaux, il convient d'investir aujourd'hui. Nous sommes un réseau basé sur des associations avec des fonds de roulement de trois mois, qui servent à couvrir les délais de versement de l'État. Il est heureux que les Régions nous financent avant. Faute de perspective et d'avance de fonds, les structures ne s'engageront pas au regard de la prise de risque. Sans certitude d'atteindre l'objectif, il s'agit d'un pari. Nous sommes néanmoins en discussion avec les cabinets des ministres à ce sujet.

Avant la crise sanitaire, nous considérions que nous couvrions le public éligible à 90 %. Aujourd'hui, il est nécessaire de conduire une réflexion nationale sur les critères d'éligibilité en instaurant une souplesse administrative. Les jeunes sortant de l'ASE ou les MNA sont éligibles à la Garantie Jeunes, mais il est quasiment impossible de monter le dossier administratif en raison des difficultés liées aux documents et à la résidence.

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