Intervention de Pascal Picault

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 15h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Pascal Picault, vice-président de la Fédération nationale des associations régionales de directeurs de centres de formation d'apprentis (FNADIR) :

Sur la question des ruptures, cette mesure permet aux CFA de disposer d'un cadre légal pour maintenir les jeunes décrocheurs en formation. En revanche, aucune indemnité n'est prévue durant cette phase de six mois. Il existe même un souci sur la déclaration de la couverture sociale. À mon sens, nous payons une mesure qui n'est pas aboutie. Je pense qu'il s'agit d'une question majeure pour les jeunes en CFA dans la mesure où suivre une formation implique des revenus pour financer les déplacements, l'hébergement et la restauration. Les jeunes qui ne vivent pas chez leurs parents et sont les plus démunis subissent une rupture nette. La mesure a réglé la question du statut et sécurisé la présence en CFA, mais n'a aucunement traité la problématique sociale du jeune décrocheur.

Cette situation vaut également pour l'entrée en formation jusqu'à six mois – contre trois mois avant. La couverture sociale est très fragile. Nous sommes invités à conserver le CERFA « P2S » et à l'envoyer en cas de problème, ce qui n'est pas audible pour les directeurs de CFA. Cette situation totalement insécurisante met directement en jeu la responsabilité du directeur et de ses équipes. Par conséquent, la question de la pédagogie est réglée, ce qui n'est pas le cas de l'aspect social.

La situation est quasiment identique en ce qui concerne la prépa-apprentissage. Dans le cadre des consortiums, les missions locales intervenantes peuvent mobiliser des Garanties Jeunes et assurer une couverture sociale et une indemnisation pour vivre le prépa-apprentissage. Des dispositifs ont été mis en place ; il était peut-être prévu de les affiner dans le temps, mais la crise est survenue. Aujourd'hui, nous constatons une faiblesse du système qui met des jeunes dehors.

Nous ne disposons pas d'étude précise, mais au cours du premier confinement, soit en mars, avril, mai et juin, alors que de nombreuses évaluations de certification ont lieu en juin et que les contrats perdurent éventuellement en juillet et en août, nous avons révélé entre 4 et 5 % de décrochage, voire 10 % selon les secteurs, notamment les plus touchés comme la restauration. Néanmoins, comme nous étions en fin de parcours, nous avons réussi à nous mobiliser pour maintenir la présence en CFA. Les entreprises ont globalement joué le jeu. La majorité des chefs d'entreprise ont préservé le contrat qui était à trois mois de son échéance. Ils ont eu la conscience de porter les apprentis jusqu'à l'examen, ce qui explique la réduction du chiffre évoqué, lequel n'est pas scientifique, mais a été établi au travers des remontées et des échanges intervenus via notre réseau social.

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