Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du lundi 16 novembre 2020 à 14h30
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer :

Il m'est difficile de répondre à cette question, dans la mesure où je suis ministre et non sociologue ou éducateur. La réalité, c'est que si c'est une digue, c'est également un enjeu, parce que la cellule familiale peut aussi être source de violence. Si des enfants sont placés sous protection, c'est qu'il y a eu un problème. Pour prendre à nouveau l'exemple de la Nouvelle-Calédonie – il faut dire que j'y ai séjourné pendant trois semaines et que je me suis particulièrement investi dans ce territoire qui vit actuellement une expérience singulière –, il s'agit d'un territoire très jeune mais c'est aussi celui dans lequel il y a plus de violences intrafamiliales. Je laisserai au ministère de l'Intérieur et à celui de la Justice le soin de vous communiquer les chiffres exacts. Mais le principal objet de l'activité pénale dans les territoires d'outre-mer, ce sont les violences intrafamiliales, sur les mères, sur les enfants et parfois entre les enfants. Le confinement n'a pas arrangé les choses. La cellule familiale est certes une digue – je reviendrai sur la solidarité –, mais elle est aussi, malheureusement, une épreuve. Si vous interrogez un procureur de la République – par exemple celui près du tribunal de Saint-Denis de La Réunion – ou des patrons d'unités de la gendarmerie ou de la police nationale, ils vous diront que la première activité des forces de police et de gendarmerie durant le confinement était de faire respecter celui-ci, et que la deuxième consistait en des interventions à domicile pour des cas de violences intrafamiliales très graves.

Si les outre-mer n'ont pas le monopole de ces violences, certaines leur sont spécifiques. Les faits divers graves qui se produisent dans les différents territoires d'outre-mer m'étant tous rapportés, je peux vous dire – sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans le détail – qu'il se passe des choses très graves, que l'on ne peut pas nier. C'est pourquoi j'ai déclaré tout à l'heure que, s'agissant des missions de protection de l'enfance, la confiance n'excluait pas le contrôle.

Cela étant dit, il existe par ailleurs une solidarité familiale importante, propre au milieu insulaire. Quand tout le monde vit sur une île, par définition, on entretient avec sa famille d'autres relations que lorsque les parents, les enfants et les grands-parents sont séparés par 800 kilomètres. Le dimanche est vraiment la journée des familles, que l'on soit croyant ou non : c'est le moment où tout le monde se retrouve. On prend soin des anciens, c'est important. Bref, la solidarité s'organise. Il est d'ailleurs important d'avoir en tête que les prestations sociales y contribuent. Le minimum vieillesse, ce n'est pas grand-chose, mais une partie va parfois aux petits-enfants. Inversement, une part du RSA peut être reversée aux grands-parents. Il existe dans les familles d'outre-mer des circulations financières intrafamiliales parfois importantes. Les mentalités changeant, cela durera-t-il encore longtemps ? Je soumets ce point à votre réflexion.

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