Je pense qu'il y a à cela une raison simple : la résilience s'apprend dans les crises. Or, s'il y a eu dans l'Hexagone des catastrophes naturelles – dans les Alpes-Maritimes récemment, ou les violentes crues survenues dans l'Aude lorsque j'étais secrétaire d'État à l'Écologie, ou encore la tempête Xynthia que personne n'a oubliée –, il s'agit d'épisodes ponctuels et espacés dans le temps, alors qu'à part les avalanches, il n'y a pas de risque naturel que les territoires d'outre-mer ne connaissent : séisme, ouragan, tornade, risque volcanique, requin… Il y a donc une culture de la sécurité civile, du couvre-feu, de la mise à l'abri. On fait ce que le pompier ou le gendarme vous demande de faire pour la protection des populations – on l'a vu la semaine dernière encore avec l'incendie du Maïdo à La Réunion. Il y a beaucoup d'humilité devant la nature et ce qu'elle peut nous réserver. Cela se traduit par un modèle de sécurité civile particulier mais aussi par un réseau d'entraide et de débrouillardise plus institutionnalisé. On apprend au fur et à mesure. On l'a vu avec les ouragans Irma et Maria à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et, dans une moindre mesure, en Guadeloupe et en Martinique ; on le voit dans le Pacifique avec l'érosion du trait de côte. En plus d'être sur une île ou au milieu d'un archipel, on vit dans un environnement dans lequel le risque est permanent. Cela conditionne l'action des pouvoirs publics – nous serons appelés à en reparler au sujet des risques majeurs outre-mer –, mais cela nourrit aussi une culture citoyenne spécifique.