Madame la rapporteure, votre première question porte sur le pilotage de nos actions. Il est assuré par Jean-Benoît Dujol, directeur de la DJEPVA et délégué interministériel à la Jeunesse depuis 2014.
La direction dont j'ai la responsabilité a choisi d'évaluer les politiques en direction de la jeunesse, ce qui est une nouveauté. En 2017, l'État et le ministère se sont saisis de cette nécessité pour moderniser leur action et renforcer la cohérence entre l'enseignement scolaire et l'éducation « informelle », en généralisant les dispositifs imbriqués.
Pour mener cette politique, je dispose de deux grands outils : la DJEPVA et l'Institut national de la Jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP. En sus de sa dotation de 1 018 869 euros – le montant est resté inchangé cette année –, l'INJEP bénéficie des crédits du Fonds d'expérimentation pour la jeunesse – que je m'efforce de renflouer actuellement. Les travaux menés par l'INJEP sont de trois types : des enquêtes et des analyses dans le cadre des statistiques publiques, des études et des recherches, des expérimentations et des évaluations. Ces travaux nous permettent de connaître les conséquences à moyen ou à long terme des politiques en faveur de la jeunesse et de mieux piloter l'action.
Pour mieux dialoguer avec la jeunesse, nous pourrions nous appuyer sur la clause d'impact jeunesse, votée sous le quinquennat précédent, mais qui n'a jamais été appliquée jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit d'intégrer le sujet jeunesse dans toutes les lois. Je souhaite m'en ressaisir afin que la jeunesse soit pensée, intégrée aux actions et aux politiques publiques.
Il convient aussi d'établir une relation de confiance avec les différentes organisations de jeunesse. Récemment, j'ai saisi le Conseil d'orientation de la jeunesse (COJ) pour proposer l'amélioration de la garantie jeunes. Ce dispositif, qui permet aujourd'hui d'accompagner les jeunes précaires qui sont le plus éloignés de l'emploi, doit évoluer et être renforcé en ces temps de crise. C'est en acceptant de co-construire et de travailler avec les acteurs des mouvements de jeunesse que nous aboutirons à des politiques de jeunesse plus justes.
Vous avez évoqué l'aide de 200 euros. Avec le deuxième confinement, elle a été renouvelée, à hauteur de 150 euros, pour les jeunes les plus précaires bénéficiant de l'aide personnalisée au logement (APL) ou de bourses. La question de l'allocation d'autonomie ou, plus largement, du RSA pour les 18-25 ans se pose. Nous ne devons pas laisser une partie de notre jeunesse sans accès aux dispositifs de soutien. C'est la raison pour laquelle j'ai lancé les travaux sur l'amélioration de la garantie jeunes. Il convient aussi d'améliorer le RSA jeune actif car les jeunes qui y avaient accès à condition d'avoir effectué un certain nombre d'heures travaillées ne peuvent plus y prétendre, faute d'emploi. Ces travaux visent à répondre à la précarisation, identifiée, d'une partie de la jeunesse.
La vraie réponse, la plus massive, est le soutien des emplois par le monde économique pour éviter l'accélération des pertes d'emploi. On sait bien que, malheureusement, les derniers arrivés sont souvent les premiers à subir les conséquences d'une crise. C'est tout l'intérêt du « plan jeunes » et, plus largement, du plan de relance.
Je travaille de façon régulière avec la ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Nous avons en commun de nous occuper de ces jeunes, encore en études – je m'occupe de leur manière de vivre, de la façon dont ils peuvent s'épanouir et s'engager. En coordonnant nos actions, nous bénéficions d'une lecture très transversale.
La jeunesse doit être notre responsabilité collective, puisque c'est la chance et le trésor de notre nation. Cela guide les travaux que je mène avec le ministre de l'Education nationale en premier lieu, le ministre de la santé et des solidarités, la ministre du travail. C'est en apportant le regard de notre jeunesse sur toutes nos politiques publiques que nous éviterons les trous dans la raquette. Nous suivons avec une grande attention la santé pyschiatrique car la crise confronte les jeunes à l'isolement, à la solitude – le mal du siècle –, en dépit des multiples actions de solidarité sur les campus.