Madame Provendier, je ne dispose pas encore des chiffres exacts s'agissant du déploiement du service civique. Ces 100 000 missions supplémentaires – 20 000 cette année, 80 000 l'année prochaine – doivent s'inscrire dans le cadre que nous avons déjà défini, celui d'un engagement encadré, dans lequel le jeune peut grandir et vivre une vraie expérience. Éviter que le Service civique ne se substitue à l'emploi ncécessite de bien évaluer les risques. C'est la raison pour laquelle, à ma demande, nous avons renforcé avec l'Agence du service civique (ASC) les grilles d'évaluation, de détection et de contrôle.
Au-delà de ce regard qualitatif – auquel nous consacrons beaucoup d'énergie –, nous développons plusieurs pistes de déploiement, en commençant par augmenter le nombre d'agréments au sein de structures qui ont déjà l'habitude d'accueillir des missions de service public. Nous renforçons aussi l'intermédiation, afin que les structures ayant la culture et l'expertise du service civique puissent accueillir et accompagner un jeune dont la mission se déroule dans une structure n'ayant pas encore accueilli de jeunes. Pour vous donner un exemple très concret – qui répond à un besoin immédiat imputable à la crise sanitaire –, nous menons des actions avec Unis-Cité et des établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Alors que la campagne de recrutement est lancée, nous constatons une appétence, et cela nous donne confiance et énergie dans cette période difficile. Nous enregistrons une hausse de 17 000 agréments cet été. Comparée à la même période en 2019, la trajectoire est plutôt bonne et nos objectifs devraient être atteints d'ici fin 2020. En 2021, la priorité sera donnée à la transition environnementale, aux solidarités et à la réponse à la crise sanitaire.
Tirant les leçons du premier confinement, nous avons développé avec l'ASC des avenants afin que les missions puissent, lorsque c'est possible, se dérouler en partie en distanciel.
Comment soutenir le monde associatif ? Je considère que les 2 000 emplois FONJEP représentent une chance. En effet, ce soutien financier sur le temps long – trois ans – et à hauteur de 7 000 euros par mois permettra aux structures associatives de passer le cap et de faire de cette crise une opportunité.
S'agissant de l'engagement des plus jeunes, il faut d'abord considérer que le lieu d'enseignement peut être le cadre du premier engagement : je pense aux éco-délégués, aux conseils de la vie collégienne et lycéenne, mais aussi aux délégués au sein de l'école primaire. Je travaille aussi sur la question des conseils municipaux de jeunes, notamment avec les associations d'élus locaux, pour offrir aux jeunes de moins de 18 ans des lieux leur permettant de s'engager.
Je crois à la force de l'engagement par les pairs. C'est la raison pour laquelle nous travaillons sur le tutorat et le mentorat avec un collectif d'associations qui les pratiquent déjà, comme la Fédération de l'entraide protestante (FEP), Socrate, l'Institut Télémaque et bien d'autres acteurs. Nous avons réuni ce collectif il y a quelques jours car nous avons plus que jamais besoin de lutter contre la solitude et de permettre des échanges. Je suis donc particulièrement intéressée par votre proposition de développer davantage le réseau des jeunes ambassadeurs avec la Défenseure des droits.
Madame Gaillot, nous avons engagé un travail sur la question des cyberviolences au sein de l'école. Nous avons reçu un certain nombre d'alertes sur le harcèlement scolaire – plus particulièrement le cyberharcèlement – et le député Erwan Balanant a remis un rapport sur ce sujet au ministre de l'Education nationale. Par ailleurs, nous sommes en lien avec des associations qui luttent contre le harcèlement, les violences ou les propos haineux sur les réseaux sociaux. En parallèle, nous travaillons avec l'association AJC et la députée Laetitia Avia pour voir comment nous pourrions faire des jeunes du Service civique des ambassadeurs de bonnes pratiques.