On ne peut pas dire que la boîte à outils soit vide. Elle est formidable, très étoffée, pour ne pas dire impressionnante, dans cette période inédite. La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté est très orientée en direction de la jeunesse et les problèmes sont bien identifiés par la plupart des sphères qui s'occupent de cette population.
Et pourtant, nous constatons l'importance du non-recours aux droits. Un jeune sur deux – vous l'avez dit – ne sait pas ce que l'État peut faire pour lui. La même problématique se pose au niveau des associations, qui disent qu'elles n'en peuvent plus de ces propositions qui pleuvent, que celles-ci viennent de l'État ou des collectivités locales ; elles n'ont même plus le temps matériel de s'approprier l'éventail des aides. Nous avons souvent entendu parler de cette illisibilité et de cette impossibilité à se saisir des outils, pourtant mis à disposition. Nous savons tous qu'il faut éviter que la stratégie nationale contre la pauvreté ne devienne une usine à gaz. Face à la crise, il faut se donner les moyens d'empoigner cette boîte à outils, faute de quoi le sentiment de frustration sera très fort. C'est une question de pédagogie, de canaux. Il convient de connaître ses interlocuteurs et la façon d'opérer – je parle là de la jeunesse et plus forcément des associations – pour que ce ne soient pas toujours les plus rusés qui se taillent la part belle.
Toutes les secrétaires d'État que nous avons auditionnées – c'étaient généralement des femmes – ont traité de la même problématique : comment donc, en tant que députés, trouver le moyen de nous repérer dans cette profusion d'aides et de mesures, qui manquent parfois de cohérence ? Nous ressentons bien sur le terrain le besoin d'une articulation.