Intervention de Marie-Caroline Missir

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 15h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Marie-Caroline Missir, directrice générale du réseau Canopé :

En guise de soutien aux différentes formes de fragilité psychologique que peut générer cette période, nous avons testé un partenariat avec l'association e-Enfance dédiée au soutien des enfants mais aussi des adultes en difficulté face aux outils numériques (harcèlement, par exemple). Cela a ouvert un espace d'écoute, avec des experts, aux enseignants qui pouvaient se trouver en difficulté ou qui étaient en lien avec des enfants en difficulté. Les acteurs publics doivent être en capacité de tisser des liens et de créer des partenariats avec des acteurs associatifs, privés ou publics qui peuvent consolider la réponse que nous apportons. Je voulais vous soumettre cette piste.

Je rejoins tout à fait la position de Michel Reverchon-Billot sur les chaînes YouTube. Ces supports se multiplient car internet permet la désintermédiation : il permet d'avoir accès à toutes sortes de contenu qui arrivent sous une forme très simple et sont de qualités diverses. Il faut faire attention à cette tentation. Dans certains pays d'Europe, le confinement a été l'occasion de créer des chaînes de « home schooling » et donc de mettre tous les contenus éducatifs sur YouTube. J'ai été contactée par YouTube dès ma prise de fonctions dans le contexte du confinement, pour savoir si toutes les ressources de Canopé pouvaient être mises en ligne sur YouTube. Cela n'est pas possible ! Il faut être très vigilant à ce type de dangers. Il faut également faire confiance aux enfants, qui sont capables et qui ont besoin de faire la distinction entre des contenus ludiques, qui peuvent être de qualité – parfois, des enseignants ont animé leur chaîne YouTube pendant le confinement –, et des contenus éducatifs, qui reposent sur d'autres formes d'interactions. La complémentarité offerte par internet et ses formats est très bien mais il faut que chacun reste dans son silo.

Pour accompagner la parentalité, nous travaillons dans l'Aisne et le Val‑d'Oise avec la Trousse à projets à des formations en présentiel et en distanciel ouvertes aux parents sur les questions liées à la parentalité numérique.

Pour faire écho à ce qu'a dit Kamel Chibli, je pense que la crise a profondément fait bouger les rôles et les missions de la gouvernance numérique. La façon dont cette gouvernance est conçue – confiant aux collectivités territoriales la gestion et le financement du matériel – a explosé pendant la période de confinement. Le lien entre l'État et les collectivités territoriales doit s'intensifier, sur le champ du numérique et plus largement. Nous expérimentons à Poitiers, avec la région Nouvelle-Aquitaine et ses opérateurs, la création d'un collectif autour de l'éducation et de l'éducation numérique sous toutes ses formes. Cette initiative est à déployer sur d'autres territoires. Il est nécessaire de faire évoluer les cadres de la gouvernance, qui ont largement bougé et ne sont plus forcément adaptés aux enjeux actuels.

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