Intervention de Christine Cloarec-Le Nabour

Réunion du mercredi 16 décembre 2020 à 15h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Cloarec-Le Nabour :

Je vous remercie d'avoir demandé la création de cette commission d'enquête, qui nous permet de remettre sur le devant de la scène les politiques en faveur de la jeunesse – ce n'est pas rien ! Nous partageons tous l'ambition de participer à l'émancipation de la jeunesse.

J'aimerais souligner le fait que cette crise n'a pas eu que des conséquences négatives – Perrine Goulet parlait des enfants qui se sont assagis pendant la crise. La situation est cependant très hétérogène et dépend tant du profil des jeunes que des territoires. On a vu émerger de belles initiatives, la solidarité s'est développée entre les jeunes eux-mêmes, dans les lycées et parmi les étudiants. Il faut reconnaître quand certaines choses vont dans le bon sens. Je n'irai pas jusqu'à dire merci à la crise, mais elle nous a donné l'occasion de nous pencher sur notre jeunesse.

Concernant l'autonomie financière des étudiants, trois sujets sont à appréhender en priorité. Le premier concerne l'information sur les droits et l'accès au droit. C'est toujours très confus, alors qu'il existe des structures d'information jeunesse, une plateforme pour l'emploi des jeunes, etc. Comment l'information arrive-t-elle vraiment chez les jeunes ?

Le deuxième sujet concerne la souffrance psychique. Nous avons eu l'occasion d'auditionner une plateforme d'écoute destinée aux jeunes et aux étudiants. Il y a un problème d'offres de services en matière de santé mentale en France. Il faut absolument donner plus de moyens aux centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) pour l'écoute des jeunes en souffrance psychique.

Le troisième sujet porte sur l'offre de logements. La France a cette particularité d'avoir des campus universitaires dans les métropoles, ce qui rend complexe l'augmentation du nombre de résidences étudiantes.

Je souhaite également mettre l'accent sur la garantie jeunes. Je suis impliquée dans le réseau des missions locales depuis une dizaine d'années. Pour les mêmes raisons que mes collègues, je ne suis pas pour le RSA jeunes. Quand la commission d'enquête a été créée, le plan jeunes n'existait pas, ou venait tout juste de naître. Il a évolué depuis, le Premier ministre a récemment annoncé que les trous dans la raquette seraient comblés. Le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes sera doublé en 2021. C'est un sacré défi pour les missions locales, mais on ne pourra pas atteindre 100 000 jeunes de plus si l'on n'assouplit pas les critères. Nous travaillons avec le cabinet du ministère du travail pour parvenir à supprimer les freins à l'entrée. Il en existe deux principaux : le critère « NEET » (Not in Education, Employment or Training), tout d'abord, qui désigne les jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation. Un jeune ayant un petit boulot ne peut pas bénéficier de la garantie jeunes, alors qu'il n'est pas dans une situation d'emploi durable. Il faut donc faire sauter ce critère. De même, le critère du foyer fiscal non imposable ne doit pas constituer un frein à l'entrée dans la garantie jeunes.

Nous ne pourrons pas résoudre le problème de l'insertion des jeunes à coup d'allocations. Il faut raisonner par parcours d'accompagnement contractualisé, adapté aux besoins du jeune, sécurisé financièrement en fonction des besoins. C'est ce que nous avons fait avec la garantie jeunes et avec le PACEA pour ceux qui ne peuvent bénéficier de la garantie jeunes. Nous avons élargi dernièrement le périmètre de l'allocation PACEA aux jeunes accompagnés par Pôle Emploi dans le dispositif d'accompagnement intensif des jeunes (AIJ) et à ceux qui sont accompagnés par l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) dans le dispositif Objectif premier emploi. Il faut vérifier l'efficacité de ces mesures et s'assurer qu'il n'y a plus de trous dans la raquette : certains profils de jeunes ne sont peut-être pas encore identifiés, ou bien nous avons du mal à les atteindre. Le repérage constitue en effet un véritable enjeu. La formation, l'accompagnement et le travail permettront à nos jeunes de s'émanciper et de devenir des citoyens à part entière.

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