Vous nous proposez de résoudre l'épineuse question des responsabilités au sein des écoles primaires. Dans nos fonctions de parents d'élèves ou d'élus locaux, nous avons tous été conduits à nous questionner sur la répartition des responsabilités au sein de l'école. Qui décide ? Chaque enseignant, le directeur, l'inspecteur de circonscription, le directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN), le maire ? Ce texte a le mérite d'aborder une question compliquée, véritable serpent de mer au sein de l'institution de l'éducation nationale.
Outre l'objet principal de la proposition de loi, créant un emploi fonctionnel délégataire de l'autorité académique, qui suscite des réactions très partagées dans la profession et sur lequel nous reviendrons, je tiens dès à présent à exprimer nos doutes sur l'article 5 concernant l'organisation des élections de parents d'élèves. Leur participation est essentielle à la vie du conseil d'école : les parents d'élèves sont des acteurs de premier ordre, tantôt contre-pouvoirs puissants, tantôt force de propositions constructives. Élus depuis la loi Jospin de 1989, les parents représentants tirent leur légitimité d'un processus démocratique certes restreint et contraignant, mais néanmoins existant. Ne craignez-vous pas que le fait de les désigner dans le cas où ils seraient peu nombreux nuise à la vitalité de leur représentativité, à la diversité des projets qu'ils pourraient porter, et même à l'envie qu'ils auraient de siéger au sein des conseils d'école ?
Concernant les adjoints administratifs, il nous semble que la charge devrait en revenir à l'éducation nationale et non aux collectivités. Élue de l'hyper-ruralité, j'entrevois déjà les difficultés que posera cette charge aux collectivités et donc les inégalités qui en résulteront entre enfants et entre territoires.
Nous approuvons l'élargissement du champ des fonctions de directeur à la coéducation : si nous considérons que l'éducation se fait à l'échelon des territoires et sur tous les temps de vie, il nous semble important que le directeur d'école puisse travailler avec, en plus des parents, les animateurs, les éducateurs, les porteurs de projets éducatifs territoriaux, les mouvements de jeunesse et d'éducation populaire.
Le groupe Écologie Démocratie Solidarité accueille donc avec bienveillance cette proposition de loi tout en posant ces questions qui tiennent en particulier à la démocratie. Nous appelons à une plus grande ouverture de l'école aux acteurs extérieurs pour une réelle coéducation, afin que l'on puisse bannir ce mot de « péri-éducatif », comme si seule l'école était le lieu de l'éducation.