Intervention de Marie-Christine Saragosse

Réunion du mercredi 1er juillet 2020 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde :

Nous entendons réinventer sans cesse notre modèle tout en restant nous-mêmes. Nous inventons en permanence des contenus et des formats. Par exemple, pendant le confinement, l'une de nos émissions s'est transformée en salle de classe. Cette piste mérite d'être creusée. En outre, montrer les coulisses a permis de casser la distance théorique. Cette proximité et cette humilité ont également crédibilisé notre façon de délivrer l'information. Certains investissements techniques ont été décalés mais ils sont permanents. Le projet Afri'Kibaaru permettra de transférer en Afrique des équipements de pointe. La période a en outre permis de décloisonner le broadcast et le numérique puisque nous avons réalisé du broadcast en numérique. En ce qui concerne la distribution, la diffusion directe sur internet (OTT) augmente. Nous suivons de près la 5G. Notre direction technique est à la pointe de toutes les innovations et notre direction de la distribution intègre ces évolutions pour trouver des solutions de substitution. Pour toutes ces raisons, nous avons réussi à atteindre 4 millions de foyers supplémentaires, alors que notre dotation baissait. Nous nous réinventons en permanence, pour défendre nos valeurs.

Infomigrants.net est un site numérique d'information et de veille sur les réseaux sociaux. En 2016, 76 millions de visites ont été comptabilisées. Beaucoup de prévention a été réalisée par ce biais durant la crise, dans toutes les langues du site. Infomigrants est toutefois financé par la Commission européenne ; un nouveau budget doit être voté en 2021, pour sept ans. Sans ce financement, sa pérennité serait menacée.

France 24 en espagnol fonctionne en partenariat avec RFI. En termes de langue, le bloc espagnol commence à peser sur la scène internationale, avec plus de 10 millions d'audiences hebdomadaires.

Notre bureau de Dakar a été inauguré en octobre 2019 et montera en puissance avec le projet Afri'Kibaaru. Le personnel des rédactions est entièrement africain. Reste que les recrutements sont difficiles actuellement. Un léger retard sera peut-être observé mais Dakar a vocation à être à la pointe de la modernité.

France Médias Monde est maître de son destin, autant que les contraintes le permettent. À cœur vaillant, rien d'impossible. La hausse constante du public mondial en témoigne.

En ce qui concerne les experts scientifiques, le médecin du travail de France Médias Monde a été notre référence en coulisse. Les papiers écrits par nos journalistes, avec son appui, ont été remarquables. Une dimension culturelle entre néanmoins en jeu. Nous ne nous plaçons pas en donneurs de leçons. Nous donnons la parole à plusieurs experts et essayons d'éclairer le débat, sans pour autant traiter avec mépris les médecines traditionnelles.

Le créole haïtien est parlé à France Médias Monde. Au-delà de la langue, il m'est parfois demandé de parler davantage des outremers. RFI y travaille beaucoup. France 24 réfléchit également à cette thématique, afin qu'elle soit plus visible, d'ici septembre je l'espère. Ce ne sera probablement pas en créole mais en français, en espagnol voire en anglais.

Quant au manque de connaissance de France Médias Monde en France, il me semble qu'un phénomène s'est produit pendant le confinement. RFI, en Île-de-France, a aussi cumulé une durée de 118 minutes d'écoute par jour, c'est-à-dire l'équivalent de France Inter.

Au sujet du projet Afri'Kibaaru, l'AFD s'est vu confier une nouvelle mission sur le terrain de l'audiovisuel et de la culture, associée à des fonds supplémentaires. Par ailleurs, la Deutsche Welle ou la BBC possèdent dans leur mission l'aide publique au développement, financée par l'équivalent de l'AFD. Enfin, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l'Organisation des nations unies (ONU) reconnaissent l'existence d'une information libre et indépendante comme un facteur nécessaire et le premier pas vers le développement durable. Les langues africaines constituent un axe stratégique de notre groupe depuis longtemps. Ce projet permet de le conforter, en y ajoutant le partage de compétences et le développement de médias locaux.

En ce qui concerne nos engagements éditoriaux, il s'agit avant tout d'une information indépendante, honnête, plurielle et vérifiée mais également des valeurs sous-tendant nos programmes – en particulier, la lutte contre les stéréotypes et l'égalité. La culture est une signature internationale de nos médias. Le développement durable est également très important. Compte tenu de nos zones de prédilection – l'Afrique et le monde arabe –, des transferts de compétences sont nécessaires, auxquels nous contribuons, souvent en coopération avec d'autres pays. Enfin, nous sommes les chaînes françaises qui couvrent le plus les sujets européens. Nous continuerons à le faire avec d'autres partenaires européens, pour les jeunes notamment, afin qu'ils mesurent la chance de vivre dans une zone démocratique, qui peut encore rêver pour l'avenir et pour eux. En France, outre l'émission Pas 2 Quartier, nous proposons Légendes urbaines, émission sur le rap, qui est fondamental pour les jeunes. Des antidotes à bien des maux de notre société se trouvent dans les banlieues, qui devraient être davantage incluses dans les réflexions.

Il est vrai que France Médias Monde n'a pas été épargnée. La trajectoire est à la baisse, compte tenu des efforts d'économies. Mais le budget de l'État a été fortement mobilisé pendant la crise. Alors que les fonds publics représentent plus de 90 % du financement de France Médias Monde, nous avons décidé de ne pas activer le chômage partiel. En revanche, nous avons mis en place un revenu de solidarité à l'égard des non-permanents. Il se trouve que les correspondants ont finalement beaucoup travaillé.

En l'absence de visibilité sur l'évolution de la redevance et compte tenu de la trajectoire telle que définie jusqu'en 2022, je me refuse à demander des choses impossibles mais je veux me battre pour que tout ne s'arrête pas en 2023. Je n'apprécie pas d'organiser un plan de départs volontaires mais je n'ai pas le choix. J'essaie d'être solidaire du budget de l'État, selon une trajectoire actée en décembre 2019, et d'agir avec responsabilité et humanité, en entretenant un vrai dialogue social.

En ce qui concerne la sécurité des correspondants, nous n'avons pas connu de problème particulier en 2019. J'en profite pour saluer le centre de crise du Quai d'Orsay, avec lequel nous travaillons main dans la main.

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