Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mardi 8 septembre 2020 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Ce ne sera donc pas ma réponse ! Cela étant, je n'ai pas peur de la comparaison européenne. Au contraire, je la désire profondément, vous l'aurez compris, mais il faut qu'elle soit terme à terme et que l'on sache bien de quoi on parle.

Vous avez relevé la nécessité d'améliorations physiques, je pense que vous avez totalement raison. La France connaît une situation convenable du point de vue des installations physiques mais pas pleinement satisfaisante dès lors que l'on procède à des comparaisons dans l'espace et dans le temps. Notre bâti scolaire est souvent un peu meilleur que dans certains pays. Parfois même en Allemagne, on constate des situations peu satisfaisantes en matière de bâti scolaire. À l'échelle européenne, des progrès restent à faire ; c'est d'ailleurs pourquoi, avant même l'épidémie, je travaillais à l'échelle européenne pour une vision partagée du pourcentage du produit intérieur brut consacré à l'éducation. J'ai même publié un écrit sur le sujet, conjointement avec la ministre finlandaise de l'éducation. L'augmentation des moyens publics consacrés à l'éducation en Europe est donc concertée et je pense que c'est la voie à suivre.

Par ailleurs, j'ai préconisé ce que j'appelais avant la crise « un plan Marshall du bâti scolaire en Europe », devenu plus encore d'actualité avec la crise et dans le cadre du plan de relance, mais aussi dans les temps suivants au titre des fonds européens habituels. C'est à l'échelle européenne que l'amélioration du bâti scolaire doit être pensée et que des améliorations doivent être apportées.

Rappelons que la décentralisation a permis bien des améliorations au cours de ces dernières décennies. La rénovation énergétique en particulier a été réalisée grâce à de nombreuses collectivités, ce qu'il convient de saluer. Mais tout n'est pas parfait, tant s'en faut, et les temps qui viennent seront l'occasion de rénover le bâti scolaire en France. C'est un sujet que nous aurons l'occasion d'évoquer et que vous aurez l'occasion de contrôler au titre du plan de relance sur lequel vous pourrez interroger le ministre de l'économie, des finances et de la relance. Un pourcentage élevé de ce qui est prévu pour le bâti concernera ce domaine.

Vous avez évoqué les problèmes d'affectation des élèves. Le cas de Villefranche‑de‑Lauragais est spécifique. La non‑affection d'élèves est évidemment une difficulté qui se pose à chaque rentrée, mais dans des proportions qui ont encore diminué cette année par rapport à l'année dernière, ce qui mérite d'être salué au vu du contexte général.

Les rectorats et les inspections académiques ont travaillé sans relâche pendant l'été. J'en profite pour souligner le travail des personnels administratifs en France dont on parle peu alors que nombreux sont ceux qui se sont grandement investis pour que cette affectation se réalise. Des problèmes subsistent, certes, mais ils vont diminuant jour après jour, ce type de question se réglant au cours des premiers jours de la rentrée. Cette semaine, nous avons piloté à vue. Le problème se pose plus spécifiquement en Île‑de‑France, autour des grandes métropoles, Toulouse, en l'occurrence, mais ces difficultés n'ont pas vocation à perdurer au‑delà de la deuxième semaine de la rentrée. Évidemment, mon cabinet reste disponible pour étudier l'ultime problème qui se poserait.

Les listes complémentaires font l'objet d'une politique. Bien sûr, des ouvertures de listes complémentaires interviendront au fil des premières semaines de l'année, en fonction des besoins, de même que nous avons recouru au deuxième concours, le concours spécifique pour les académies sous tension.

Madame Bagarry, vos questions ont porté essentiellement sur le périscolaire et l'extra-scolaire. Vous m'avez interrogé sur les mesures générales prises pour tenir compte du contexte. Votre question me permet d'insister sur un point que j'ai peu abordé jusqu'à maintenant, à savoir les vertus de l'élargissement du ministère de l'éducation nationale, qui est devenu le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. De cette nouvelle unité, nous espérons beaucoup de synergie et d'efficacité au service des enfants et des adolescents. Avant le remaniement, nous travaillions déjà largement avec la ministre des sports.

Cette fusion se traduit sur le plan national et territorial : national par la fusion des inspections générales entre nos ministères il y a presque deux ans ; territorial désormais, avec l'inclusion de l'administration de la jeunesse et des sports dans les rectorats. La fusion induira des coopérations et des collaborations concrètes et étroites. Nous l'évoquions aujourd'hui même au cours du déplacement du Président de la République s'agissant des internats. Par exemple, des personnels de la jeunesse et des sports sont particulièrement qualifiés pour assurer certaines activités périscolaires dans les internats.

Vous avez abordé les vacances apprenantes, qui sont appelées à s'inscrire dans la durée, à se reproduire et à se développer. Notre objectif prend la forme d'une opération chapeau, « vacances apprenantes », qui recouvre les colonies de vacances apprenantes, l'école ouverte et, au sein des écoles ouvertes, l'été du pro, qui ont touché près d'un million d'enfants. Nous aurons vocation à réitérer ces actions l'été prochain mais aussi pendant les vacances intermédiaires. Là aussi, je suis très ouvert aux propositions et innovations qui pourraient être présentées.

Vous avez déclaré que les colonies de vacances étaient déjà apprenantes, ce en quoi vous avez totalement raison. Certaines le sont devenues davantage encore et d'autres qui l'étaient déjà auraient disparu si nous n'étions pas intervenus. Une des causes que nous avons servie a été la survie et la défense de structures qui auraient pu souffrir, parfois fatalement, des circonstances sanitaires et économiques. Bien sûr, nous ne sommes pas partis de zéro, nous avons renforcé certains dispositifs pour les porter à un niveau supérieur et touché les esprits, ce qui est important, car se joue là un enjeu d'attractivité vis-à-vis des parents, que nous allons renforcer.

Monsieur Bournazel, je vous remercie de votre propos initial. Sur l'enseignement à distance, les états généraux du numérique permettront de dresser un bilan précis.

Le dispositif La classe à la maison, organisé par le CNED, a touché 2,8 millions foyers. Le CNED l'a rouvert ces derniers jours pour les enfants qui en ont besoin. Il est gratuit pour les élèves qui ne peuvent pas se rendre à l'école en raison des circonstances. Nous avons enregistré des centaines d'heures de cours avec France 4 que vous pouvez consulter en accédant au site Lumni que nous développons depuis plusieurs mois avec France Télévisions. Cette action, considérée comme extrêmement intéressante sur le plan pédagogique, est saluée par tous.

Un travail a été réalisé à Paris en matière de prévention dans l'éventualité où il serait nécessaire de réquisitionner des locaux autres que scolaires pour répartir les élèves en petits groupes. Je l'évoquais hier avec le recteur de Paris qui se félicitait du travail accompli avec la mairie.

Madame Faucillon, vous avez dit qu'il fallait du temps et des moyens. J'ai déjà répondu sur les moyens. S'agissant du temps, si vous signifiez qu'il fallait différer la rentrée, comme je l'ai entendu avant le 1er septembre, mon appréciation sera divergente. Il faut savoir ce que l'on entend par cette expression ; en tout cas, des moyens supplémentaires ont été accordés.

Vous avez évoqué un malaise profond, estimant que je ne le percevais pas. Là aussi, il faut savoir ce que vous mettez derrière cette expression. Je me méfie beaucoup des expressions générales autoréalisatrices sur ces questions.

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