Le fonctionnement sous forme d'appels à projets organise la concurrence entre établissements et entre équipes de la recherche publique. Il a depuis sa création continuellement accru les disparités entre d'un côté les établissements et unités de recherche d'excellence, qui remportent de tels appels et bénéficient donc de financements, et de l'autre côté des établissements de seconde catégorie qui n'en obtiennent pas et doivent donc tenter de poursuivre leurs travaux avec des dotations de base insuffisantes pour fonctionner.
Ainsi 80 % des appels à projets sont remportés par une vingtaine d'universités, les plus prestigieuses, qui accueillent les étudiants issus des classes sociales les plus favorisées et qui en outre reçoivent des financements au titre de leur participation aux initiatives d'excellence (IDEX), ce qui consacre un système de recherche à deux vitesses basé sur la compétition entre établissements.
De plus, ce système de financement de la recherche est particulièrement inefficace : le coût du temps perdu à chercher des moyens plutôt qu'à faire avancer les connaissances est en effet considérable. En 2018, le taux de succès pour les appels à projets était de 16 %, ce qui signifie que 84 % des projets ont été déposés en vain, avec tout le gâchis de temps et d'énergie que cela suppose.
Les chercheurs doivent consacrer leur temps à leurs travaux scientifiques plutôt qu'à courir après des financements. Nous redemandons donc la suppression de l'ANR et la redistribution de ses fonds sous la forme de crédits récurrents aux équipes de recherche. Les grands équipements seront quant à eux financés par d'autres programmes.