Si cette nouvelle voie est susceptible de renforcer l'attractivité et de lutter contre la fuite des cerveaux, elle suscite beaucoup d'inquiétudes dans le monde universitaire, particulièrement dans certaines disciplines. Mme la ministre a bien voulu évoquer le cas de l'école française de mathématiques, et toute la communauté la remercie pour sa haute appréciation. Cependant, pourquoi le président de l'institut de mathématiques du CNRS a-t-il manifesté de la défiance vis-à-vis de cet article ? Le recrutement actuel fonctionne selon les principes d'une évaluation exigeante et d'une mobilité obligatoire, importante pour la bonne gestion de la communauté. Le jeune chercheur aura dû passer par trois universités différentes pour être recruté comme professeur. Cela contribue aux bonnes pratiques et au maintien en bonne santé du domaine. De surcroît, le texte ne prévoit pas l'éventualité de plans de recrutement qui associeraient deux universités.
Ces dernières décennies, la pratique a consisté à recruter au CNRS, en tant que chargé de recherche, les plus productifs des jeunes chercheurs. Par la suite, ils ne sont pas promus directeurs de recherche, mais nommés professeurs, car on considère qu'à un certain niveau, il est de leur devoir d'enseigner et non de se cantonner à la recherche. Une telle pratique subsistera-t-elle si des présidents d'université jugent plus intéressant de créer des chaires de professeur junior ? C'est une question que se pose la communauté mathématique, et certainement d'autres. Il est donc important de limiter à 15 % la part des recrutements réservés à cette voie.