Un enfant malade à l'hôpital peut bénéficier de l'enseignement à distance du CNED puisque c'est une situation d'empêchement. On peut être empêché parce que l'on est malade, mais aussi à cause d'un handicap, d'un parcours de vie compliqué, parce que l'on est en itinérance. Je rappelle que le CNED scolarise presque la totalité des enfants du voyage.
Je vois quatre grands enjeux dans le service public de l'enseignement à distance. Le premier est la réponse à l'empêchement scolaire, notre mission première, qui est un rôle très important au service des populations puisque nous scolarisons à peu près 79 000 élèves. Ce n'est pas rien et le CNED ne propose pas des ressources, mais bien des parcours complets. L'intérêt du parcours est qu'il intègre du diagnostic, de l'évaluation, du pas-à-pas, du guidage, de la scénarisation. Tout cela peut être suivi par un élève quasiment en autonomie. C'est aussi très apprécié des parents puisque nous sommes présents en absence d'enseignant.
Le deuxième enjeu est la continuité comme nous l'avons vu avec « Ma classe à la maison ». Nous avons proposé au ministre que le CNED crée une plateforme dormante activable à la demande lors d'un problème – que nous n'espérons évidemment pas – d'épidémie ou un problème environnemental, d'inondation ou autre. Nous pourrions, en 24 heures, activer une plateforme permettant à tous les élèves d'avoir accès à des contenus organisés sous forme de parcours, y compris lorsque les enseignants ne sont pas disponibles. Les acteurs locaux peuvent ainsi, pendant quatre semaines, s'organiser pour prendre le relais.
Le troisième aspect est l'hybridation : apporter des éléments de formation à distance aux élèves qui ne trouveraient pas, dans leur académie ou dans leur établissement, la formation qu'ils souhaitent. Il s'agit donc de répondre à des rêves à l'aide du numérique, à distance. J'évoquais les langues à faible diffusion pour lesquelles nous avons une véritable demande. Un élève peut habiter à Guéret, faire du japonais au CNED et le présenter au baccalauréat. C'est très important.
Le dernier aspect est écologique. Compte tenu des enjeux, je me pose tout de même la question de savoir si nous devons continuer à faire circuler en bus scolaire des enfants cinq jours par semaine dans toutes les conditions. Ne pourrions-nous pas imaginer une école qui travaille en présence quatre jours et qui, le cinquième jour, travaille dans des tiers lieux, au plus près des habitations des élèves, dans des écoles qui ont été fermées ou des maisons de services ? Nous pourrions y faire de l'intergénérationnel, recréer du lien autour des apprentissages et de la connaissance. Cela me semble extrêmement stimulant. Ces lieux pourraient être équipés et nous résoudrions ainsi une partie de cette fracture numérique pour des élèves dans des situations sociales compliquées. J'y crois personnellement beaucoup.