Je suis en charge des sujets relatifs à l'éducation et à l'inclusion numérique à la Banque des territoires. Dans le domaine de l'éducation, nous accompagnons les partenaires territoriaux, finançons un certain nombre de sociétés en investissement, ainsi que des dispositifs public-privé, et opérons pour le compte de l'État, notamment les programmes d'investissement d'avenir n° 2 comprenant les projets de recherche e-FRAN, et les territoires d'innovation pédagogique.
Le constat est triple. Premièrement, le socle numérique de base demeure insuffisamment déployé dans les territoires. Seuls 30 % des écoles, collèges et lycées sont dotés de la fibre optique, avec un déséquilibre dans les écoles primaires puisqu'un grand nombre de régions ont prioritairement déployé vers les lycées. D'autre part, les usages sont souvent problématiques. Pour une très grande majorité d'enseignants, l'équipement reste un frein à l'usage du numérique en raison de son absence ou de son obsolescence.
Deuxièmement, les disparités territoriales sont très fortes. L'indice de vulnérabilité numérique établi par la MedNum, qui est une coopérative au sein de laquelle l'État est présent, montre que 22 départements se situent très largement en dessous de la moyenne nationale, ce qui doit conduire à y porter les efforts à l'avenir. Il s'agit d'un vrai sujet, y compris pour l'Éducation nationale et l'écosystème en général.
Troisièmement, le recours aux usages numériques s'est accru pendant le confinement. Des études initiées par EdTech France avec le cabinet de conseil précité ont montré que 34 % des usagers sont montés à bord de solutions numériques éducatives durant cette période. Nous constatons également une hausse des usages sur les ENT et d'autres outils.
Nous distinguons quatre lignes de crête principales. La première concerne le rôle important des collectivités territoriales comme les régions et les communes. L'exemple de l'élu cherchant à acheter de la ressource ou du service est aussi à l'échelle de la commune. Il convient de trouver et d'impulser le rôle des collectivités territoriales.
La seconde concerne la partie pilotage et gouvernance partagée. Tel est le sens de travaux que nous avons mis en œuvre. Je pense à e-Carto qui, en tant qu'outil en open data développé avec la direction du numérique pour l'éducation, expose de manière explicite les ingrédients du numérique éducatif, à savoir l'infrastructure, l'équipement, les usages et les services, et permet ce pilotage. Toute politique publique se doit d'être pilotée et ces outils permettent une gouvernance partagée.
Troisièmement, l'inclusion numérique consiste à faire monter d'autres acteurs à bord. Il s'agit évidemment de l'hybridation avec l'ingénierie territoriale à mettre en œuvre, ce que nous avons constaté sur les stratégies nationales pour un numérique inclusif. L'ingénierie territoriale doit probablement être renforcée. Il nous faut nous interroger sur notre capacité à agréger des financements.
Enfin, la question de l'opérationnalisation donne lieu à de nombreuses idées et propositions dans le cadre des États Généraux, mais il convient de décliner et d'entrer dans la réalité. Le rôle prééminent de prescripteur de l'enseignant doit probablement être souligné car il est maître à bord au sein de sa classe dans le cadre de la liberté pédagogique.