Il est incontestable que sur le plan budgétaire, la mission « Recherche et enseignement supérieur » est l'une des plus importantes de l'État.
La lecture des crédits affectés à la recherche est toujours aussi complexe, en raison de l'éclatement de ses crédits entre différentes missions. Cette complexité est accrue cette année par la création de la mission « Plan de relance ».
Le PLF 2021 révèle que l'essentiel des hausses de crédit, notamment à destination des universités, doit passer par des appels à projets de l'ANR, ce qui n'est pas sans poser problème pour la lisibilité des hausses de crédit pour les opérateurs.
Lors de la discussion du projet de LPR, le groupe Les Républicains a accueilli favorablement l'augmentation des crédits, mais deux écueils majeurs, révélateurs d'un manque de vision de la majorité, l'ont conduit à voter contre le texte. Tout d'abord, un problème de calendrier : l'essentiel des augmentations de crédits est concentré sur la période 2027-2030. Or, nous connaîtrons deux élections présidentielles d'ici à 2030. Ensuite, le maintien de la dichotomie entre enseignement supérieur et organismes de recherche révèle un problème de pilotage, et nous regrettons l'absence d'articulation entre recherche publique et recherche privée.
Madame la ministre, vous estimez que les établissements d'enseignement supérieur n'ont pas de problème, mais ces établissements sont inquiets et attendent aussi une loi pluriannuelle pour avoir davantage de visibilité. Comme Philippe Berta, je voudrais savoir comment vous envisagez de compenser le GVT, qui représente environ 50 millions d'euros par an. Quelle en sera la traduction budgétaire ?
En février 2020, la Cour des comptes a relevé que malgré des objectifs bien identifiés, le suivi de l'emploi des crédits attribués et des agents recrutés n'est pas efficace au sein du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, alors qu'il engage les finances publiques au-delà de 2022.
L'accueil de l'ensemble des étudiants et l'aide à la réussite des publics les plus fragiles doivent être les objectifs premiers du ministère et des universités. L'emploi des crédits à d'autres fins doit cesser, et conduire le ministère à doter rapidement les recteurs des moyens leur permettant de mener un dialogue de gestion efficace avec les universités. À l'inverse de ce qui s'est passé pour le plan Réussite en licence, le ministère doit développer au plus vite les indicateurs de suivi en cours de définition. En tant que rapporteur d'application de la LPR, je suis très attentif à ces indicateurs. Je ne peux que partager l'avis de la Cour des comptes : il est désormais nécessaire de stabiliser les méthodes de répartition des moyens, d'établir des indicateurs opérationnels et de les expliquer clairement, au risque de décevoir les établissements et de rendre la tâche des recteurs encore plus difficile.
Je rappelle que l'étudiant doit être positionné par l'ensemble des universités au cœur du dispositif de la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants. Comment entendez‑vous diminuer le pourcentage des étudiants sortant sans diplôme ? Pourrons-nous espérer un taux d'obtention des licences en trois ou quatre ans de plus de 50 % ?
Certes, madame la ministre, le budget de la mission « Recherche et enseignement supérieur » est en augmentation, mais des marges de progression existent dans la gestion du budget de votre ministère.