Les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur » s'inscrivent dans la continuité des budgets de ces dernières années puisqu'ils augmentent à nouveau en 2021. Ils bénéficient en effet d'une hausse de 600 millions d'euros, qui porte le montant du troisième budget de l'État à 24 milliards d'euros, soit une augmentation de 1,7 milliard sur l'ensemble des trois dernières années.
Il s'agit de financer les priorités de l'enseignement supérieur et de traduire les engagements pris dans le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche, adopté en première lecture il y a quelques semaines par l'Assemblée nationale. Toutefois, la pandémie a eu pour conséquence l'inscription à l'université, lors de cette rentrée, de plus de 16 300 étudiants supplémentaires. En outre, les établissements doivent s'adapter aux règles sanitaires, les étudiants sont fortement affectés par la crise dans leur recherche d'emploi et les personnels, ainsi que les chercheurs, qui subissent la précarité, sont fortement mobilisés pour répondre à l'urgence sanitaire. Compte tenu de ces enjeux, le projet de budget est insuffisant pour atteindre ses objectifs.
S'agissant des programmes 150, « Formation supérieure et recherche universitaire », et 231, « Vie étudiante », nous avons bien noté, d'une part, l'abondement du Plan étudiants à hauteur de 236 millions destinés à augmenter les capacités d'accueil dans les filières les plus en tension et, d'autre part, les 60 millions prévus par le plan de relance pour la création de 30 000 nouvelles places dans le cadre du dispositif « Un jeune, une solution ».
Toutefois, nous devons vous alerter sur certains manques.
S'agissant du volet étudiants, tout d'abord, les aides directes ne sont pas suffisamment revalorisées, qu'il s'agisse de l'aide à la mobilité Parcoursup, de l'aide à la mobilité en master ou de la Grande école du numérique. Quant aux aides indirectes, notamment le financement du ticket de restaurant universitaire à 1 euro pour les étudiants boursiers et le gel des loyers dans les résidences universitaires des CROUS, il est indispensable qu'elles puissent bénéficier à tous nos étudiants.
Par ailleurs, les crédits de l'action 3, « Santé et activités associatives, culturelles et sportives » du programme 231 baissent. De fait, le financement est principalement issu de la CVEC. Ainsi, les étudiants s'acquittent eux-mêmes du coût de leur santé. Faut-il rappeler la précarité de leur situation actuelle ? Selon une enquête d'IPSOS, 74 % des jeunes âgés de 18 à 25 ans déclarent avoir rencontré des difficultés ces derniers mois.
En ce qui concerne le volet recherche, la France est en retard et restera en deçà de l'objectif de consacrer 1 % du PIB à la recherche, que ce soit maintenant ou dans dix ans. Malgré les alertes lancées lors de l'examen de la LPR, la trajectoire demeure modeste pour le monde de la recherche. Encore une fois, il aurait fallu 1,315 milliard d'euros supplémentaires par an jusqu'en 2027 pour financer la programmation de la recherche. D'ailleurs, nous observons que la majorité des financements vont à l'ANR alors que nous avions appelé votre attention sur les risques que présente un financement par projets, estimant que la priorité doit aller au financement de base.
Par ailleurs, les crédits du programme « Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables » n'augmentent que de 0,19 %, ce qui est incompréhensible compte tenu des exigences de notre temps. Quant aux crédits du programme « Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle », ils baissent de 16,41 %.
En conclusion, le groupe Socialistes estime que le projet de budget pour 2021 laisse les étudiants, les enseignants et les chercheurs dans une grande précarité et ne permet pas de financer durablement les ambitions que nous devrions avoir pour le pays des Lumières, à une époque où tant d'incertitudes subsistent.