Je m'étonne, madame la ministre, que la majorité vous félicite de présenter un budget en adéquation avec le projet de loi de programmation pour la recherche : quoi de plus normal, en effet !
De fait, ce projet de budget affiche les mêmes ambitions que le projet de loi, mais il reproduit également les mêmes contradictions, celles que nous avons soulevées il y a un mois lors de l'examen du texte. Il est bel et bien nécessaire de relancer massivement la recherche publique française et de lutter contre la précarisation galopante dans l'enseignement et la recherche. Or, ce n'est pas ce que fait la LPR qui, outre qu'elle renvoie le financement à des échéances lointaines, manque sa cible puisqu'en renforçant surtout le budget de l'ANR, elle contraint les équipes à continuer de consacrer beaucoup de temps à la tâche chronophage que constitue le montage des projets. Même les annonces faites dans le cadre du plan de relance ne portent que sur le budget de l'ANR alors que les équipes des labos notamment – elles ne sont pas les seules – réclament une augmentation de leurs crédits récurrents, augmentation qui n'est pas envisagée.
Vous invoquez souvent l'existence de concertations. Mais, lorsque le Conseil national supérieur de l'enseignement et de la recherche (CNESER) s'est réuni pour rendre un avis sur votre projet de loi, des oppositions se sont exprimées ; des amendements ont même été déposés, que l'on n'a pas retrouvés du reste dans le texte final. En définitive, celui-ci a été adopté par 32 voix pour et 26 contre, au terme d'une nuit difficile. Quant au CESE, il préconise, dans son avis sur le texte, un investissement massif dans la recherche de 6 milliards d'euros d'ici à 2022, pour atteindre l'objectif d'une dépense publique consacrée à la recherche à hauteur de 1 % du PIB ; la mise en œuvre d'un plan exceptionnel de recrutement de l'ordre de 5 000 à 6 000 emplois par an, dès 2021 et pendant cinq ans, sur des postes statutaires ou permanents, tous métiers et toutes disciplines confondus, dans les universités et les organismes de recherche publique ; l'adoption de mesures exceptionnelles de correction au profit des sciences humaines et sociales, grâce à l'ouverture d'au moins 4 000 nouveaux contrats doctoraux.
Force est de le constater, les engagements pris dans le cadre de la LPR sont renvoyés à une date très lointaine. Pourtant, nos collègues le disent, il est urgent d'investir dans la recherche et de lutter contre la précarité non seulement des enseignants-chercheurs mais aussi des étudiants.
Un mot sur la revalorisation des bourses, qui est extrêmement faible puisqu'elle se traduit par une augmentation de 6 euros seulement par mois pour l'échelon le plus haut. On est donc loin de satisfaire les besoins, qui sont encore plus criants depuis le confinement. Par ailleurs, il faut que nous nous penchions collectivement – c'est aussi le rôle de votre ministère – sur la question de la santé étudiante, qui est minimisée dans ce PLF, comme c'est le cas depuis trop longtemps. Enfin, certains étudiants sont toujours sans fac : ils n'ont pas reçu d'affectation via Parcoursup. Certains ont saisi le rectorat, mais n'ont pas obtenu de réponse. Comment les aider et les accompagner ?