Permettez-moi tout d'abord de rendre hommage, au nom de l'ensemble du groupe UDI et Indépendants, à la mémoire du professeur d'histoire Samuel Paty, décapité sauvagement par un terroriste islamiste. L'examen des crédits de la mission « Enseignement scolaire » est l'occasion de rappeler le rôle primordial occupé depuis toujours par nos enseignants dans la réussite de nos élèves.
Ce budget pour l'année 2021 témoigne de l'ambition du Gouvernement de mettre l'accent sur l'enseignement du premier degré. Mon groupe salue en ce sens la création de 2 000 postes supplémentaires, ainsi que la revalorisation de quelque 400 millions d'euros prévus pour les enseignants. Après le drame que le milieu scolaire vient de connaître, il est plus que jamais nécessaire de reconnaître l'importance qu'ont nos enseignants dans notre société ; or elle commence par la reconnaissance financière.
De la même manière, monsieur le ministre, nous entrons dans la dernière année du programme de revalorisation pour les enseignants en REP et REP+. La prime étant pour cette tranche accordée sur certains critères, pouvez-vous nous les détailler ainsi que les montants envisagés ?
La crise sanitaire aura mis notre école à rude épreuve, et nous devons souligner le courage et l'inventivité de certains professeurs pour assurer la continuité pédagogique en période de confinement. Mais tous les efforts du monde n'auraient pu éviter le décrochage ou le retard de certains élèves. Il nous faut mettre en place des dispositifs supplémentaires pour venir en aide aux enfants en difficulté, les accompagner davantage avec, par exemple, les stages de réussite proposés pendant les vacances scolaires. Ces dispositifs seront certainement plus que nécessaires cette année, et nous espérons que des financements adéquats leur seront accordés.
Mon groupe tient à saluer le recrutement de nombreux AESH, qui se poursuivra l'année prochaine. L'inclusion dans nos écoles est un sujet primordial. Cependant, leur nombre n'est pas le seul problème et nous souhaiterions que le sujet de leur rémunération puisse être mis sur la table. Certains de nos territoires peinent à recruter ces accompagnants, preuve qu'il convient aussi de revaloriser ce métier.
De la même manière, nous souhaiterions aborder durant nos débats la problématique de la médecine scolaire et des psychologues scolaires. Trop peu de moyens leur sont accordés, alors que leur rôle est essentiel pour l'équilibre de notre système scolaire, tant pour les enseignants que pour les élèves.
Mais il convient aussi de souligner quelques points plus problématiques. Je m'interroge ainsi sur la suppression de nombreux postes dans l'enseignement secondaire, qui vient contrebalancer la création de postes dans le primaire, alors même que nos adolescents du secondaire manifestent de grandes difficultés pour lire, écrire et parfois même compter. Investir en priorité sur les plus jeunes ne doit pas faire oublier les difficultés des élèves les plus âgés dans la poursuite des enseignements et les nécessaires accompagnements de leur évolution.
Je souhaiterais également aborder la récente proposition du Président de la République de mettre fin à l'enseignement à domicile. J'emploie le terme « proposition », mais, dans votre livret sur l'instruction dans la famille du 13 octobre, vous en parlez comme si cette mesure était déjà actée. Étrange respect des institutions parlementaires, d'autant qu'un problème d'inconstitutionnalité relatif à la liberté d'enseigner peut se poser.
Vous savez que l'école ne s'adapte pas à chacun, et c'est normal. Nous aurons l'occasion en temps et en heure de débattre de cette mesure, mais puisqu'elle semble actée, je souhaiterais connaître l'ampleur des moyens qui seront nécessaires pour accueillir les quelque 25 000 élèves concernés. Nous le constatons dans ce budget, l'instruction obligatoire à 3 ans aura coûté quelque 100 millions d'euros à compenser aux communes. Combien cette mesure coûtera-t-elle ? Ces fonds sont-ils déjà prévus ? Peut-être pourriez-vous consacrer cet argent aux contrôles que vous multiplieriez sur l'instruction à la maison, au lieu de la retirer pour tous ?
Enfin, je m'interroge sur un étrange paradoxe : alors que les moyens financiers investis depuis des dizaines d'années dans l'enseignement scolaire ne cessent de croître, on ne peut que constater le déclin objectif et inquiétant du niveau de nos élèves et la baisse de l'autorité de nos professeurs. Quelle réponse apportez-vous à ce constat, alors que le budget de l'éducation nationale est le premier budget de l'État ?
Mon groupe aborde donc ce budget de manière nuancée ; il vous donne acte de sa forte augmentation, mais attend impatiemment qu'il soit répondu à ses interrogations.