Intervention de Michel Larive

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

En préambule, je tiens à rendre hommage à Samuel Paty, lâchement assassiné pour avoir enseigné l'esprit critique et la liberté d'expression.

Pour la quatrième année consécutive, la mission « Enseignement scolaire » du PLF est lacunaire et largement en deçà de nos attentes et de celles des personnels de l'éducation, des élèves et de leurs parents. Tout d'abord, ce sont les collégiens et les lycéens qui vont pâtir de votre politique, puisque 1 800 emplois d'enseignants sont voués à disparaître alors que pas moins de 23 300 élèves supplémentaires sont attendus.

Les enseignants ne seront pas en reste, puisqu'ils devront compenser ce manque en réalisant des heures supplémentaires afin de maintenir les moyens d'enseignement devant élèves. Les effectifs augmentent, mais les emplois diminuent. Ce ne sont pourtant pas les candidats qui manquent : les enseignantes et les enseignants placés sur la liste complémentaire n'attendent que leur affectation. Je vous rappelle que ces postes sont budgétisés. Au lieu d'ouvrir davantage de postes aux concours de recrutement, vous préférez embaucher du personnel précaire. Pourquoi en demander toujours plus à nos enseignants, qui se démènent depuis des mois avec des protocoles sanitaires successifs et une réforme du baccalauréat qui pèse déjà de façon importante sur leurs épaules ?

Dernièrement, j'ai été destinataire d'un courrier de l'équipe enseignante de la cité scolaire du Couserans, située dans ma circonscription. Elle souhaitait m'alerter sur les difficultés rencontrées depuis la rentrée, notamment sur l'impact de la réforme du bac sur les emplois du temps. Il me semble pertinent que vous en preniez connaissance. Elle dénonce la complexité de la construction des emplois du temps avec les systèmes de groupes d'enseignement de spécialité (EDS) : des heures libres entre deux heures de cours difficiles à exploiter pour le travail personnel ; des plages de cours réduites à une heure consécutive en première, en français et en histoire, par exemple, quand les besoins sont d'une heure et demie à deux heures pour s'installer dans un temps de travail afin de préparer des épreuves d'une durée de quatre heures ; l'impossibilité de placer sur les emplois de temps les heures de vie de classe et les heures dédiées à l'orientation. Malgré la crise sanitaire, vous vous entêtez à poursuivre une réforme du bac et du lycée qui ne fait qu'accroître les inégalités sociales et territoriales.

Cette crise sanitaire agit d'ailleurs comme un révélateur des insuffisances des choix en matière de politique éducative ces dernières années. Quelles mesures sérieuses ont d'ailleurs réellement été prises ? Le nombre nécessaire de masques et de flacons de gel hydroalcoolique manquait à la rentrée, et les stocks se sont vite épuisés.

Les masques de la marque DIM en nombre insuffisant dans les établissements sont déjà hors d'usage, un mois après la rentrée. De plus, ils sont potentiellement toxiques pour nos enseignants. Suite à une interpellation de ma collègue Sabine Rubin à ce sujet, vous avez finalement concédé que cette information, jugée dans un premier temps comme une vaine polémique, nécessitait des vérifications. Leur distribution sera finalement suspendue dans l'attente des résultats d'une expertise – très bien. Toutefois, cela fait maintenant des semaines que nous le martelons, l'État se doit de distribuer à tous les personnels et à tous les élèves des masques chirurgicaux gratuits.

Les médecins scolaires et infirmiers manquent dans nos écoles ; ils sont moins d'un millier en France pour plus de 12 millions d'élèves – un tiers des postes son vacants. S'ajoute à cela le manque de masques inclusifs pour les élèves en situation de handicap, en CP et grande section ; ceux qui étaient prévus pour les séances de phonologie, promis avant la Toussaint, ne sont jamais arrivés dans les écoles.

Enfin, vous faites à nouveau la part belle au privé. En effet, l'enseignement privé obtient 7,77 milliards d'euros de crédits de paiement, soit une augmentation de 1,69 % par rapport au PLF de l'année dernière. C'est votre choix de société, monsieur le ministre ; ce n'est pas celui du groupe La France insoumise. Nous, nous préférons l'école laïque, obligatoire et gratuite, celle que nous reconnaissons comme fille de la République.

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