Intervention de Michel Larive

Réunion du mardi 27 octobre 2020 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Le budget de la culture connaît une augmentation certaine, mais j'émets de sérieuses réserves sur ses orientations politiques. En premier lieu, bien que le constat de son inefficacité soit assez largement partagé, le Gouvernement hausse les crédits du Pass culture, présenté comme un moyen permettant aux jeunes gens d'avoir accès à toute l'offre culturelle existante et de découvrir de nouvelles activités culturelles, alors qu'il s'agit en réalité de donner un chèque de 500 euros aux jeunes âgés de 18 ans.

La médiation culturelle ne peut se réduire à un catalogue d'activités ou de produits culturels ; un accompagnement est nécessaire au risque, sinon, que s'amplifient les pratiques culturelles dominantes existantes, au détriment d'une nécessaire diversification. Pour l'heure, votre Pass profite essentiellement aux entreprises qui véhiculent le modèle d'une consommation de masse et participent à la marchandisation de la culture. Alors que tant d'artistes et d'auteurs sont en difficulté, sans parler des nombreux lieux de culture menacés de disparition, c'est un énorme gâchis. Vous semblez vous limiter à une approche consumériste de la culture quand nous aurions besoin de nouveaux outils pour soutenir la création et la diffusion culturelles, repeupler les déserts culturels et, surtout, ouvrir de nouveaux horizons à nos jeunes et aux catégories de la population qui en ont le plus besoin. Pour venir en aide aux professionnels du secteur culturel touchés de plein fouet, il aurait fallu supprimer le Pass culture ; j'avais déjà sollicité votre prédécesseur à ce sujet. Vous avez annoncé en juillet dernier qu'un bilan du dispositif était nécessaire avant de le généraliser. Cela semble en effet indispensable tant l'échec est patent ; je souhaite que vous précisiez votre propos à ce sujet.

D'autre part, votre volonté d'instaurer pléthore de labels ancre un peu plus votre vision mercantile de la culture : d'un côté les labels publicitaires, d'un autre côté le label derrière lequel se dissimulent des opérations marketing. Sous couvert de valoriser et de soutenir le dynamisme culturel des territoires fortement frappés par la crise sanitaire, vous favorisez la compétition des collectivités entre elles.

Enfin, après des années de baisse, les crédits alloués à l'archéologie préventive augmentent enfin, mais vous prévoyez que 6 à 8 % seulement des dossiers d'aménagement devront faire l'objet d'un diagnostic et que le nombre de fouilles ne devra plus concerner que 1,5 à 2 % des dossiers. Pourtant, en 2016, en dépit d'un budget nettement plus contraint, 10,5 % des dossiers avaient fait l'objet d'un diagnostic et 2,4 % environ de fouilles préventives. Les objectifs sont donc revus à la baisse et les emplois sous plafond stagnent sans revalorisation. Vous savez pourtant le manque de reconnaissance dont souffre la profession. L'écart est significatif entre le niveau de formation d'une majorité d'archéologues et leur rémunération. L'enquête publiée en mars dernier dans la revue Les Nouvelles de l'archéologie dresse un tableau inquiétant, soulignant qu'une grande partie de la profession vit dans la précarité – que vous prolongez.

Compte tenu de ces éléments, et sans inflexion budgétaire lors de la discussion des amendements, le groupe La France insoumise votera contre les crédits de cette mission.

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