Madame la ministre, chacun connaît, dans cette salle et en dehors, votre engagement profond en faveur du secteur culturel au cours de cette période : il a permis, avec l'augmentation du budget du ministère de la culture, un soutien budgétaire sans précédent non seulement dans l'urgence mais aussi sur le long terme. Je vous remercie d'avoir salué l'engagement des parlementaires qui ont permis que certains dispositifs fiscaux soient adoptés, en espérant qu'ils perdureront également.
Toutefois, la crise que traverse le secteur culturel bouleverse les habitudes culturelles des Français et fait courir le risque de voir certains d'entre eux ne pas ou ne plus avoir la possibilité d'en acquérir. Je pense notamment à l'éducation artistique et culturelle, qui se trouve au cœur du projet politique et culturel que nous devons défendre pour notre pays.
Dans ce contexte, il faut essayer de sortir du débat délétère autour des questions d'ouverture et de fermeture car nous n'avons pas une visibilité suffisante. Nous ne pouvons pas, en effet, vous demander aujourd'hui une date et une heure d'ouverture. Peut-on en revanche essayer d'imaginer ensemble de nouvelles modalités, notamment en matière d'éducation artistique et culturelle, considérant que, parce qu'il y a des publics prioritaires, certains lieux pourraient rouvrir en priorité ? Des espaces pourraient leur être dédiés.
On demande aux artistes de faire du hors les murs, de pratiquer l'itinérance, de se rendre dans les collèges et dans les lycées : ne pourraient-ils pas accueillir également un certain nombre d'étudiants, d'élèves et de familles, c'est-à-dire des publics particulièrement frappés par la crise, pour lesquels la culture constitue une réponse aux enjeux d'une inégalité sociale qui pourrait malheureusement en sortir renforcée ?
Ma deuxième question porte sur les grands gagnants – malheureusement – de ce confinement, les GAFAN, avec le risque d'une uniformisation tant de notre pensée que de la création artistique. À cet égard, au-delà de la transposition des directives que nous avons conduite, quelle est la politique offensive que vous souhaitez mener afin que nous disposions d'une réponse souveraine, nationale et européenne, sur cette question ?