Au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, je souhaite tout d'abord porter à votre connaissance des faits très graves qui se sont déroulés dimanche 10 janvier à La Réunion. Alors qu'il participait à un déjeuner familial dans un restaurant, un élu de la République, maire d'une commune de 56 000 habitants, ainsi que trois membres de sa famille ont été violemment agressés par des candidats à l'émission Les anges de la téléréalité qui séjournaient dans l'île pour le tournage d'un épisode.
L'indignation et la mobilisation populaires ont été d'une telle ampleur qu'après avoir exclu les protagonistes du jeu, la production vient de décider d'annuler le tournage. Cette décision est censée ramener le calme, mais elle laisse ouvertes les questions que l'incident a soulevées sur ces émissions et sur les modèles qui y sont proposés aux jeunes – car ces « anges », on le sait, ne sont pas sans influence sur la jeunesse. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) intervient à propos des contenus d'une émission, non de son contexte. Comment le ministère de la culture compte-t-il réagir à ce type de comportement ?
En cette période de crise sanitaire, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle entre le maintien et la prospérité de ce genre d'émission et les nombreux programmes de qualité dans le secteur du spectacle vivant qui ont dû, eux, être annulés. Ce qui m'amène à évoquer la détresse et la souffrance du monde du spectacle. À ce sujet, je ne répéterai pas ce que mes collègues ont déjà exprimé. Je ne doute, madame la ministre, ni de votre inquiétude ni de votre détermination. Mais sans doute faudrait-il procéder dans l'ordre, en commençant par bannir le mot « essentiel » et son corollaire, « non essentiel », inutilement blessant, et par le remplacer – je propose le mot « élémentaire ».
Il faut ensuite répondre à une question qui revient en boucle : pourquoi fermer les salles de spectacle respectueuses des consignes sanitaires quand d'autres lieux également clos continuent d'accueillir un public souvent nombreux ?
Je souhaite enfin aborder un sujet plus spécifique aux outre-mer. Il n'existe pas à La Réunion d'antenne locale de Pôle emploi spectacles, ce qui pose plusieurs problèmes : le décalage horaire réduit drastiquement les créneaux disponibles et la barrière de la langue peut empêcher une communication efficace avec les conseillers. Une solution serait de dédier sur place un agent formé aux caractéristiques des métiers culturels – une demande plus raisonnable que celle d'implanter une agence entière ; cette modestie plaidera-t-elle en faveur des acteurs de la culture à La Réunion ?