Intervention de Bruno Studer

Réunion du mercredi 27 janvier 2021 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Studer, président :

Madame la ministre, je vous remercie d'avoir répondu favorablement à ma demande d'audition en cette période de crise sanitaire si difficile pour les étudiants, leurs professeurs et, d'une façon générale, l'enseignement supérieur. Nous savons le Président de la République, le Gouvernement et vous-même, en particulier, pleinement conscients de la gravité de la situation. Le pilotage de la lutte contre l'épidémie est un défi quotidien nécessitant des arbitrages constants pour préserver avant tout la santé des Français.

Mais plus le temps passe et plus des questions émergent. La situation sanitaire provoque des dégâts en matière d'enseignement, de formation, d'emploi étudiant, psychologiques, sociaux. Les mesures prises par le Gouvernement sont fortes, mais parfois considérées comme insuffisantes, ou incomprises. La colère a pu monter, comme le montre la multiplication des manifestations et des témoignages de détresse dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Madame la ministre, je veux vous redire tout mon soutien. Nous avons beaucoup œuvré, vous et moi, en faveur des dispositions que le Président de la République a annoncées aux étudiants ces derniers jours, qu'il s'agisse du repas à 1 euro du Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires), qui est une mesure massive, ou du retour en classe, qui représente un risque politique. Sur ce dernier point, nous n'écoutons pas seulement les épidémiologistes qui invitent à reconfiner, nous écoutons aussi la détresse des étudiants. Osons rappeler ici que la France fait figure d'exception à cet égard. Cette décision, qui apparaît à certains comme contracyclique, doit être saluée et considérée comme un premier pas, sinon vers un retour à la normale, du moins vers de nouvelles habitudes de fréquentation des lieux d'enseignement supérieur. Nous sommes ici nombreux, je crois, à soutenir les choix courageux du Président de la République, guidés par votre persévérance et par votre attachement indéfectible à l'enseignement supérieur.

Vos décisions louables dans une situation sanitaire compliquée n'en soulèvent pas moins des questions : comment sont-elles mises en œuvre compte tenu de la jauge globale d'occupation, fixée à 20 % des capacités d'accueil ? Qu'en est-il de la restauration universitaire ? Que penser de certains effets indésirables ? Une directrice d'IUT de ma circonscription m'alertait ainsi sur le fait que, dans les filières secondaires, 40 % des enseignements, relevant des travaux pratiques, avaient jusqu'alors lieu en présentiel, et que le passage à une jauge de 20 % implique une diminution de cette proportion. Peut-être aurons‑nous la possibilité d'y remédier, même si nous devons nous réjouir que nos étudiants de première année puissent retrouver le chemin des travaux dirigés et l'ensemble de nos étudiants 20 % de cours en présentiel.

J'ai souhaité, en réponse à la demande du président de l'Assemblée nationale formulée en conférence des présidents, que cette audition soit aussi l'occasion d'aborder les conséquences du Brexit sur l'enseignement supérieur et la recherche. Je pense bien entendu au programme Erasmus+ : chaque année, plusieurs milliers de jeunes se rendaient au Royaume-Uni dans ce cadre ; un pan important de la mobilité étudiante va ainsi s'en trouver affecté. Comment analysez-vous les conséquences de cette décision de Boris Johnson, qui contredit d'ailleurs ses premiers engagements ?

En matière de recherche, la coopération scientifique entre la France et le Royaume‑Uni est dense et riche de longues années de partenariat, comme celui entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'université d'Oxford. De nombreux chercheurs et laboratoires publics et privés sont concernés, dans tous les domaines. Avez-vous mesuré les effets du Brexit sur les projets en cours mis en œuvre par les équipes des deux pays ? Quelles solutions sont à l'étude pour les atténuer ? Quelles sont les perspectives pour nos laboratoires nationaux ?

Permettez-moi, en outre, de vous demander de vous exprimer sur l'annonce, lundi, par l'Institut Pasteur, de la décision d'interrompre le développement de son candidat vaccin fondé sur le vaccin contre la rougeole, à la suite de résultats intermédiaires décevants, alors qu'ils semblaient prometteurs au printemps dernier. De son côté, il y a quelques semaines, le laboratoire Sanofi a également annoncé des résultats décevants et reporté à la fin de l'année la sortie de son vaccin développé avec le labora toire britannique GSK. Le sujet préoccupe beaucoup nos compatriotes, qui ont l'impression que les laboratoires français sont à la peine face à la concurrence des grands laboratoires étrangers. Pourriez-vous faire le point sur l'état de la recherche française en matière de vaccin anti-covid, en précisant quels sont les acteurs impliqués, qui semblent parfois aller en ordre dispersé ? Quelles sont les chances de voir un vaccin français mis prochainement sur le marché ?

Enfin, quand le poste de directeur général de la recherche et de l'innovation de votre ministère pourra-t-il être pourvu ? C'est un sujet de préoccupation dans le contexte de crise que nous connaissons.

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