Intervention de Karine Lebon

Réunion du mercredi 27 janvier 2021 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

Jeudi dernier, à Saclay, le Président de la République a enfin parlé aux étudiants et écouté leurs problèmes. La précarité et l'isolement persistants ont un effet redoutable sur la santé de la jeunesse. Plus de 50 % des jeunes sont inquiets pour leur santé mentale, 23 % des étudiants ont eu des pensées suicidaires et 30 % renoncent aux soins. Cela souligne de manière dramatique la négligence dont la santé mentale des étudiants est victime depuis tant d'années. J'ai été ravie d'entendre votre annonce du doublement du nombre des psychologues dans les Crous, mais un psychologue pour 15 000 étudiants restera insuffisant. Nous approuvons le « chèque psy » s'il peut aider les jeunes à surmonter cette période troublée et éviter de nouveaux drames, mais il est impératif de créer un service de santé universitaire digne de la France et de sa jeunesse.

La crise sanitaire exacerbe les difficultés structurelles de l'université et de la condition étudiante et met en lumière les inégalités au sein de notre enseignement supérieur. Pendant que les étudiants en prépa et en BTS suivent leurs cours en classe, ceux des universités sont contraints, depuis des mois, aux cours en distanciel, souvent dans la solitude de leur petit logement. Cette inégalité qui pénalise lourdement les néo-bacheliers est connue ; elle va influencer les choix sur Parcoursup pour la prochaine rentrée universitaire.

La détresse est particulièrement marquée chez les étudiants originaires des outre-mer, qui sont plus de 40 000 dans l'hexagone. Pour ceux qui se trouvent à des milliers de kilomètres de leur famille, de leurs amis et de leur cadre de vie, les conséquences de l'isolement sont démultipliées. Nombre d'entre eux décident d'arrêter leur cursus et de rentrer chez eux. Ils ont le sentiment d'être abandonnés par les pouvoirs publics. L'aide exceptionnelle, bien qu'appréciée, ne comble pas tous leurs besoins. La lecture des lettres ouvertes et des témoignages sur les réseaux sociaux, où les hashtags #mentalbreakup et #etudiantsfantomes deviennent des références, est à la fois édifiante et bouleversante.

Le Président de la République a annoncé le retour des étudiants en présentiel un jour par semaine. Après le chaos des partiels se pose bien sûr la question de l'organisation des cours et du respect des règles sanitaires. Les séances de travaux pratiques dispensées en présentiel depuis novembre vont-elles être soumises à la jauge de 20 % ou s'y ajouter ? Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine attend des réponses claires.

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