Tout d'abord, je rappelle que le présent COM a été négocié en 2020, dans le contexte d'une crise inédite. Tout au long de cette année, le groupe Radio France s'est efforcé de s'adapter aux demandes de la société et à ce que les Français vivaient. Même s'il a été négocié dans un contexte inédit, le COM présente un avantage qu'il importe de rappeler : la continuité des orientations financières et stratégiques. Cette stabilité est primordiale. Chacun ici sait à quel point l'interruption des trajectoires prévues par les précédents COM a eu des effets déstabilisateurs.
La diminution du montant de la contribution à l'audiovisuel public rend la trajectoire du COM particulièrement exigeante, d'autant plus qu'elle s'inscrit dans un contexte de crise. Cela ne nous a pas empêchés, grâce à un dialogue social au long cours, de négocier un accord social prévoyant une rupture conventionnelle collective, grâce auquel nous respecterons la trajectoire d'économies prévue, notamment en matière de maîtrise de la masse salariale. Nous procédons à des redéploiements, ainsi qu'à des transformations de métiers et à des réorganisations. Leur mise en œuvre en période de crise est très exigeante, car le travail à distance est la règle, ce qui rend la transformation de l'entreprise bien plus complexe. Nous ne nous y attachons pas moins avec l'énergie de toutes nos équipes.
J'aimerais évoquer la suppression du plafond des recettes publicitaires, introduit à titre transitoire en 2015 et fixé à 42 millions d'euros. Cinq ans plus tard, il ne permet plus d'ajuster les prix des spots publicitaires à l'envol significatif et ininterrompu des audiences que nous avons connu au cours des dernières années.
Sur le fond, le COM est à l'image des missions de service public qui font partie des priorités stratégiques de Radio France, ce dont je me réjouis. En matière d'information, nous avons constaté depuis un an, plus que jamais, à quel point il importe de disposer d'un service public d'information neutre et animé par une forte exigence déontologique, compte tenu des controverses scientifiques, de l'épidémie de fausses informations et des événements des dernières semaines aux États-Unis. Nous avons mesuré à quel point laisser circuler toutes sortes de fausses informations met en danger la démocratie. Il s'agit du premier enjeu autour duquel les équipes de Radio France sont mobilisées.
Deuxième enjeu : la proximité. Disposer de médias locaux forts – je ne doute pas que la plupart d'entre vous seront d'accord avec moi – est également un enjeu de démocratie, car cela permet d'entretenir un lien authentique avec les gens. Ce besoin de proximité a été mis en lumière lors d'une grande consultation menée au mois de septembre 2020 auprès des Français, aux côtés de nos partenaires que sont France Télévisions, Radio France Internationale (RFI) et l'Institut national de l'audiovisuel (INA), destinée à déterminer ce qu'ils attendent des médias publics. L'une de leurs principales attentes est la représentation de la diversité des territoires, ainsi que de la diversité économique et sociale, qu'ils souhaitent entendre et voir dans nos offres. Je me réjouis que le COM place la proximité au cœur de nos priorités. Nous procéderons notamment au développement d'offres numériques partagées entre France 3 et France Bleu, ainsi qu'au déploiement de la diffusion des matinales de France Bleu sur les antennes de France 3, dans le cadre d'une coopération entre services publics au service d'un objectif important pour nos médias.
S'agissant de la culture, elle irrigue toutes nos stratégies. Notre offre inclut une chaîne 100 % culturelle, France Culture. Nous sommes fortement engagés auprès des acteurs du monde culturel, notamment par le biais de notre exigence éditoriale. Nous diffusons et produisons des contenus culturels, et en sommes l'un des premiers prescripteurs. Nous continuerons à renforcer nos moyens éditoriaux consacrés à la création culturelle. Nous sommes aussi très engagés en faveur de la protection des droits d'auteur. Leur respect est l'une des conditions du maintien de la diversité de la création dans notre pays, dont elle est l'une des richesses. Nous y sommes très attachés et la défendons de notre mieux, notamment en luttant contre le piratage des contenus.
Par ailleurs, le COM met l'accent sur l'accélération de la transition numérique, entamée il y a plusieurs années. Nous vivons dans le monde de la radio une révolution comparable à la libéralisation de la bande FM dans les années 1980. Nous avons réalisé un investissement inédit dans le développement numérique au cours des dernières années. Nous continuerons en 2021 et en 2022, comme le prévoit le COM. Si nous n'avions pas pris de l'avance en la matière, nous n'aurions sans doute pas relevé le défi de la crise comme nous l'avons fait tout au long de l'année 2020. Le COM fixe plusieurs objectifs, notamment l'investissement dans une écoute en direct modernisée, grâce au déploiement de notre plateforme RadioPlayerFrance, constituée d'une application et d'un site internet. Elle verra le jour cette année et rassemblera nos offres. En nous donnant les moyens d'en faire un véritable média, nous réduirons notre dépendance envers les plateformes des GAFAN. En 2018, 85 % de nos podcasts étaient écoutés sur des plateformes tierces, dont plus de la moitié sur Apple. Retrouver la maîtrise de la distribution de nos contenus nous permettra de jouer notre rôle de média de service public. Nous travaillons avec nos partenaires de l'audiovisuel public, que je remercie, afin que certains de leurs contenus soient diffusés sur nos plateformes, ce qui constitue l'une des nombreuses illustrations des coopérations que nous menons. Le COM en rappelle le principe, ce dont je me réjouis.