L'INA est le fruit d'une histoire un peu particulière.
L'éclatement de l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) a fait de l'INA un être pluriel, hybride, à la fois centre d'archives, centre de formation, centre de recherche et d'innovation et centre de production. La diversité des missions de l'INA a souvent été mise en avant et louée mais elle a pu contribuer, aussi, à brouiller son identité auprès de ses publics.
La révolution numérique est ensuite arrivée. Elle a donné à l'INA, dans un premier temps, la capacité de rendre ses archives plus facilement utilisables et diffusables, dans le cadre de ce qu'on a appelé le plan de sauvegarde et de numérisation (PSN), qui a été mené au prix d'un effort très important en matière de contributions publiques – un investissement de près de 200 millions d'euros a été réalisé depuis le milieu des années 1990. La deuxième révolution numérique, celle des usages, a ensuite permis à l'INA de commencer à s'adresser directement à tous ses publics – le grand public, les chercheurs et les professionnels –, à travers des sites qui ont été créés au fil du temps – ina.fr, inamediapro.com, inaglobal.fr, ina‑expert.com ou inatheque.fr, pour les chercheurs. Cela lui a permis de communiquer et d'interagir avec les publics, c'est-à-dire de devenir un média patrimonial qui diffuse des contenus – de l'information, de la création, des documents écrits et audiovisuels –, et qui transmet des savoirs et des savoir-faire, en s'inscrivant dans une démarche de responsabilité sociale. Je pense, par exemple, à la « Classe Alpha » qui a été créée récemment pour des jeunes sans prérequis de diplôme.
Cette stratégie de transformation en média patrimonial, qui est menée depuis 2015, a conduit à donner une cohérence aux missions de l'INA, dont la superposition et la variété étaient parfois à l'origine d'un trouble de l'identité. En assumant son rôle de média patrimonial, dont l'audience a été multipliée par plus de 12 – le nombre de vidéos vues est passé de 80 millions à un milliard depuis 2014 –, l'INA a vu toutes ses missions se rapprocher et se renforcer au quotidien.
Qu'il s'agisse des objectifs communs aux cinq entreprises de l'audiovisuel public, dont je salue, à mon tour, le caractère novateur, ou des cinq objectifs propres à l'INA, notre cinquième COM confirme la stratégie que je viens de présenter. Il embrasse l'ensemble des missions de l'INA et conforte leur alignement par le biais de notre stratégie d'éditorialisation et d'adaptation aux usages.
Dans le cadre des objectifs communs, le COM réserve à la formation professionnelle, qui est une des activités historiques de l'INA, un traitement distinct de celui des autres champs de coopération et de synergies : un indicateur dédié permettra de mesurer les progrès accomplis en matière de mutualisation interne, au sein de l'audiovisuel public, pour les prestations de formation professionnelle. Par ailleurs, le volet spécifique à l'INA comporte des pistes très claires pour favoriser la mise en place d'un outil mutualisé.
Le cadre financier, cela a déjà été rappelé, est extrêmement contraint. À moyen terme et sur le plan macroéconomique, il existe encore une incertitude sur le maintien d'une ressource affectée au secteur, ce qui est évidemment essentiel. À plus court terme, s'agissant des deux dernières années de la trajectoire budgétaire 2018-2022, il existe une contrainte forte. L'INA a fait sa part, proportionnellement ou un peu plus, peu importe, de l'effort demandé dans le cadre de la trajectoire définie en 2018. L'INA, qui est la seule des cinq entreprises concernées à devoir aller chercher 30 % de ses ressources sur des marchés concurrentiels – de vente de formations et d'images –, a été plus durement touché par les effets économiques de la crise. Malgré tous les efforts réalisés pour poursuivre la maîtrise des charges, pour accompagner les départs en retraite et pour réviser notre accord d'entreprise, ce qui a été fait tout récemment, nous nous trouvons encore dans une situation financière périlleuse. Le dernier point qui reste à stabiliser dans le COM est le bouclage plein et entier de notre plan de financement à l'horizon 2022. Des arbitrages devraient être rendus dans les jours qui viennent.
Le COM nous donne confiance, en tout cas, dans la possibilité de consolider notre nouvelle identité de média patrimonial de service public dans le cadre de coopérations renforcées, notamment en matière de formation professionnelle – y compris initiale.