J'ai bien entendu les inquiétudes exprimées par les uns et les autres, quel que soit leur bord politique, tant pour ce qui est de la trajectoire descendante des moyens accordés à l'audiovisuel public que de la pérennité de ces moyens au-delà de 2023.
Concernant la trajectoire budgétaire, il est peut-être un peu tard pour agir : ces arbitrages ont été décidés en 2018, et des lois de finance ont été adoptées – certes, il nous reste 2022... Nous traversons une crise majeure et il me semble que nous devrions plutôt nous réjouir que le secteur public, malgré tout, continue de bénéficier de ressources, contrairement à d'autres entreprises. Nous avons commencé à faire des efforts et il faudra poursuivre sur cette lancée, même si certains choix sont douloureux et pourraient menacer notre avenir.
En revanche, le sort de l'audiovisuel public à partir de 2023 est entre nos mains, en particulier entre celles des membres de votre commission. Des initiatives nouvelles pourraient être adoptées, par exemple pour pérenniser la redevance, comme l'évoquait Bruno Studer, et pour faire aboutir la réforme de l'audiovisuel que nous attendons depuis dix ans afin d'adapter la taxation – les usages n'ont plus de rapport avec la détention d'un téléviseur. Nos amis allemands ont déjà lancé des réformes et votre commission y a réfléchi. En tout cas, il y aurait des solutions à trouver, en dehors des COM.
Concernant France Médias Monde, nous sommes attachés à faire respecter l'égalité et la parité salariale, à tous les niveaux. Nous regardons qui passe à l'antenne en nous intéressant à diverses catégories et nous nous assurons, pour les promotions, qu'il y a toujours un homme et une femme candidats. S'agissant de l'indicateur relatif aux écarts de rémunération entre les femmes et les hommes à poste et âge comparables, France Médias Monde a obtenu un score de 39/40. Nous continuons à nous montrer vigilants.
Pour ce qui est de la diversité, elle est constitutive de l'identité même de notre groupe puisqu'il rassemble des agents de soixante nationalités. Nous portons une attention particulière aux personnes en situation de handicap. Un plan d'action est mis en œuvre et nous en bâtirons un nouveau dans le cadre du prochain COM. Nous prenons également soin, par des mesures ciblées, de garantir la diversité des origines sociales. Quant à l'environnement, pour la première fois, le COM a prévu des indicateurs. Un plan d'action est à l'étude et nous avons l'intention de renforcer notre force de frappe dans ce domaine en mobilisant des savoir‑faire dont nous ne disposions pas nécessairement à temps plein dans le groupe. C'est une préoccupation de nos tutelles et nous y adhérons.
Mme Provendier a rappelé que France Médias Monde avait engagé un plan de départs. Nous le regrettons et nous nous en serions bien passés mais comment faire autrement quand on doit trouver 16 millions d'euros d'économies et que la masse salariale représente au moins 55 % des dépenses ? Cela étant, nous avons essayé de réduire au maximum les conséquences pour la masse salariale. L'enjeu de ce plan était essentiellement de conserver toutes nos langues, tous nos médias, afin de préserver notre vocation internationale. Nous y sommes parvenus, tout en réalisant des économies. Certes, il a fallu prendre de lourdes décisions et nous n'avons pas quitté les États-Unis de gaîté de cœur mais s'il n'y a plus d'argent, on est bien obligé de faire des choix. On aurait pu en faire d'autres mais, de toute manière, le choix n'est jamais bon lorsqu'il est guidé par le manque d'argent.
Mme la rapporteure a regretté que nous n'ayons pas les moyens de développer une nouvelle offre éditoriale en turc. Figurez‑vous que RFI comptait une toute petite rédaction turque : elle a été supprimée lors d'un précédent plan d'économies. Nous avons également vu disparaître la langue polonaise ainsi que d'autres langues de l'Europe centrale et orientale, ce qui est particulièrement regrettable par les temps qui courent. À défaut de pouvoir s'entendre au sein de l'Union européenne, nous pourrions au moins essayer de nous parler. La langue turque a donc, elle aussi, disparu, pour des raisons financières qui dépassent la portée de ce COM.