Intervention de Delphine Ernotte Cunci

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Delphine Ernotte Cunci, présidente-directrice générale de France Télévisions :

En ce qui concerne France 4, aucune ambiguïté de ma part : le projet que j'ai présenté au CSA lors de l'élection du président de France Télévisions indiquait clairement que j'estimais nécessaire le maintien de la chaîne dans son format actuel, celui d'une chaîne ludo-éducative et sans publicité.

En effet, l'offre de France 4 est unique dans le paysage audiovisuel. Presque entièrement éducative pendant le premier confinement, elle reste aujourd'hui ludo-éducative par le choix des films et des dessins animés diffusés : la liste est longue des programmes qui éduquent tout en distrayant.

Pourquoi était-il prématuré de décider l'arrêt de sa diffusion ? Les jeunes, dit-on, ne regardent plus la télévision ; c'est vrai, mais les enfants si. Chez les moins de 14 ans, la télévision représente ainsi 80 % de la consommation à raison d'une heure trente par jour, loin devant YouTube. Dans ces conditions, l'existence d'une chaîne gratuite, disponible partout, y compris sur la TNT, n'est pas rien ; on l'a vérifié pendant la crise sanitaire. En effet, tout le monde ne dispose pas d'une connexion internet suffisante pour accéder au numérique : malgré de gros progrès, 9 % des gens ne le peuvent toujours pas. À cette rupture technologique s'ajoute la rupture économique : dans une famille qui n'est équipée que d'un seul ordinateur, les plus jeunes n'ont pas la priorité sur leurs aînés, qui en ont besoin pour suivre un cours ou préparer un exposé.

Madame Descamps, l'ensemble des programmes de France Télévisions destinés aux enfants sont sans publicité, que ce soit sur France 3, sur France 5 ou, évidemment, sur France 4.

En outre, comme vous l'avez dit, madame Faucillon, l'économie induite par l'arrêt de la diffusion de France 4 représente moins de 1 % du budget de France Télévisions.

Plus généralement, le fait que, tout en accroissant notre investissement dans la production de contenus – ce qui nous paraît légitime et dont nous sommes fiers –, nous supprimions des chaînes – après France Ô, France 4 – crée un embouteillage sur les chaînes restantes. Ainsi, à la suite de la fermeture de France 4, nous envisageons de transférer des programmes ludo-éducatifs notamment sur France 5, qui en diffuse déjà. Au total, cela crée une sorte de jeu de taquin qui fait rejaillir la fermeture de France 4 sur l'ensemble des grilles, bien au-delà de la seule animation française.

Si nous avons réussi à lancer Culturebox si vite et avec un budget si réduit, c'est bien parce que nous captions déjà un nombre considérable de concerts, d'opéras, de festivals et autres événements culturels : une chaîne n'est qu'une façon d'exposer des contenus que nous possédons, et son coût technique est sans commune mesure avec le coût de production de ces contenus.

Madame Petit, quand la date de fermeture de France Ô a été arrêtée, nous avons reçu l'ensemble des personnels de la chaîne et une solution a été trouvée pour chacun d'entre eux. Cela a été rendu possible par l'enrichissement de l'offre de programmes ultramarins sur l'ensemble de nos chaînes auquel nous avons œuvré en parallèle et qui sollicite beaucoup les équipes dites de Malakoff – la direction des outre-mer, où était logée France Ô. De plus, nous avons relancé le portail Outre-mer La Première, avec succès. Nous avons d'ailleurs ce soir même un comité de suivi destiné à faire le point sur le pacte de visibilité.

En ce qui concerne la diversité, monsieur Bournazel, le COM inclut plusieurs indicateurs, dont la part de femmes expertes à l'antenne et le nombre d'heures de sous-titrage sur franceinfo, qui va passer d'une et demie à six. L'entreprise s'est donné des objectifs – et des méthodes pour les atteindre – encore bien plus ambitieux. Nous sommes en phase d'audit de notre label Diversité, que nous espérons bien conserver. En outre, mon prédécesseur avait engagé en 2013 une démarche en matière de RSE (responsabilité sociale des entreprises) qui a irrigué toute l'entreprise. Bref, nous allons bien au-delà des objectifs que nous assigne le COM.

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