La crise sanitaire a rendu visibles les enfants exclus du système scolaire. Mieux, elle a permis de renverser les rôles. D'assistés, de jeunes Roms sont devenus les assistants des enfants dans leurs propres bidonvilles. Depuis lors, ces enfants sont fortement ancrés à l'école, ce qui demeure préférable à la pratique de la mendicité.
Une autre initiative montre que les personnes se prennent en main : pendant le confinement, une mère a rallié tous les enfants logeant dans un hôtel social afin d'assurer la continuité scolaire et a créé une association. Ces enfants effectuent leurs devoirs vers minuit sous les néons des cages d'escalier, lorsque la connexion le permet, ce qui traduit une motivation hors normes. La semaine dernière, les familles ont été dispersées dans divers hôtels moins insalubres, ce qui est positif d'un certain côté mais complique le maintien des enfants à l'école. Ces derniers quittent leur logement à 6 heures du matin pour le regagner à 21 heures, car l'école reste plus précieuse que tout le reste à leurs yeux. Quand cessera-t-on ce type de déménagements en pleine année scolaire, qui brisent la trajectoire de l'intégration et du civisme en France ?