Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mardi 9 mars 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports :

Madame la députée Charrière, vous m'interrogez sur l'obligation scolaire et ses premiers effets. Au cours du quinquennat en cours, nous aurons augmenté cette obligation de près de 50 %. En effet, l'obligation scolaire était de 6 à 16 ans. Or nous avons adjoint l'instruction obligatoire à 3 ans et le devoir de formation de 16 à 18 ans. Cette extension de la durée scolaire demeure souhaitable au regard de l'évolution de notre société. Il est encore trop tôt pour dresser le bilan de cette mesure. Néanmoins, je tiens à saluer votre investissement, madame Charrière, dans la préparation de cette évolution pour la rentrée de 2020. La baisse du décrochage scolaire entre 2019 et 2020 est notamment due à cette politique chez les jeunes de 16 à 18 ans.

Précisément, une politique continue de lutte contre a été menée contre le décrochage au cours des dix dernières années par trois gouvernements successifs. La France est ainsi passée de mauvaise élève à bonne élève en Europe. Nous devons désormais améliorer notre capacité de repérage dans les années à venir, ainsi que notre capacité de personnalisation des offres destinées aux élèves en décrochage. À ce titre, de nombreux lycées professionnels se sont engagés dans des dispositifs spécifiques, souvent en lien avec les missions locales et les centres de formation des apprentis (CFA).

Je remercie Madame la députée Le Grip pour ses propos autour des enjeux des valeurs de la République, du travail du Conseil des sages et des équipes « Valeurs de la République », et de la mission confiée à M. Obin. Vous soulignez l'inquiétude que peut susciter le sondage récent de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et de l'IFOP sur le fait qu'une partie des lycéens ne seraient pas convaincus par plusieurs aspects de la laïcité, comme la loi de 2004. Ce sondage appelle effectivement plusieurs questions.

J'estime que le bilan du Conseil des sages et des équipes « Valeurs de la République » s'avère positif. Le travail normatif du Conseil des sages s'est accentué et constitue désormais un système de référence apprécié sur le terrain. En cas d'angles morts, le Conseil des sages s'emploie à compléter le système. En pratique, il est fréquemment consulté sur les enjeux de formation et voit son domaine s'élargir au sport. Pour leur part, les équipes « Valeurs de la République » sont composées de personnes dédiées et conservent un caractère pluridisciplinaire. Je publie chaque trimestre leurs interventions sur le terrain. En outre, l'Éducation nationale est souvent accusée d'appliquer le principe du non-signalement ou du « pas de vague ». Je rappelle qu'il ne s'agit pas de sa doctrine. Tout fait doit être signalé et personne ne doit se sentir isolé. Je ne prétends pas que la situation est parfaite. Nous remontons simplement une pente pratique et psychologique permettant de montrer à tous que la force est à la loi, et non aux pressions et aux intimidations.

Par ailleurs, la mission de Monsieur Jean-Pierre Obin a vocation à améliorer la formation initiale et continue des professeurs en matière de laïcité. Monsieur Jean-Pierre Obin est déjà ambassadeur de ce sujet dans différents endroits de France. Ses prochains travaux nous permettront d'avancer sur le programme de formation. À la suite de l'assassinat du professeur Samuel Paty, de nombreux responsables politiques nous ont demandé de franchir un cap supplémentaire en la matière et de systématiser l'enseignement de la laïcité. Le Conseil des sages œuvrera également pour fixer des objectifs quantitatifs et qualitatifs concernant cet enseignement.

Ce qui se joue est la conservation d'une vision républicaine et humaniste face à des visions qui cherchent à fragmenter la société. À ce titre, chacun des sujets de l'écologie, du féminisme, de la lutte contre le racisme et de la lutte contre la LGBTphobie connaît une version républicaine qui postule l'égalité entre les personnes et n'essentialise pas les différences. Nous devons donc nous assurer que l'approche républicaine des enjeux de la laïcité est parfaitement comprise, car elle va dans l'intérêt de tous. L'enseignement de la laïcité sera nécessairement renforcé par la suite et fera l'objet d'une vigilance accrue. Par analogie, le thème du développement durable a été intégré progressivement dans les programmes scolaires pendant les vingt dernières années. La dernière réforme des programmes du lycée y a contribué. La même approche doit porter sur la laïcité, qui doit naturellement être réintégrée dans les programmes. Nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation intermédiaire en la matière.

S'agissant des questions soulevées par Madame la députée Bannier concernant la fermeture des gymnases clos, qui constitue bien entendu un inconvénient, nous travaillons activement avec Mme la ministre Maracineanu et les fédérations sportives sur la mise en place de protocoles sanitaires. Pour ma part, je reste favorable aux expérimentations comparables à celles du circuit culturel. J'espère qu'après un mois de mars sans doute difficile, nous pourrons procéder à une réouverture progressive des gymnases. Je reste à l'écoute de vos remarques et de vos propositions sur ce point.

Je souscris entièrement aux propos liminaires de Monsieur le député Juanico concernant les effets de la sédentarité. L'activité physique après l'âge de 11 ans diminue dans le monde entier, tout comme les performances physiques des adolescents, tandis que l'obésité augmente. Ce phénomène intervient en parallèle de la baisse de la lecture au profit des écrans. Nous devons lutter contre cette tendance lourde par une série de mesures volontaristes qui démarrent dès l'école primaire, dont celle qui consiste à pratiquer une activité physique trente minutes par jour.

À cet égard, je m'efforce d'accompagner les élèves dans leurs activités lors de mes visites dans les établissements. Je sais pertinemment que ma participation à l'activité physique dans une école a fait sourire certaines personnes. Le principal est que la vidéo qui en résulte participe à la promotion de ce dispositif. Cet après-midi, je me réunissais en visioconférence avec plus de cent référents départementaux de ce dispositif d'activité physique que nous essayons d'étendre dans l'ensemble du territoire. Toute école primaire de France est invitée à le mettre en œuvre. L'agence nationale du sport et Paris 2024 contribueront aussi financièrement à cet effort.

Quoi qu'il en soit, il est effectivement souhaitable que chaque enfant de France exerce une activité physique tous les jours. Nous observons les premiers bénéfices de l'union de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, notamment au travers des coopérations avec les clubs sportifs dans le cadre de l'opération des trente minutes. En effet, les clubs sportifs ont vocation à voir leur rôle socioéducatif renforcé.

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