Mme la ministre, lors du conseil des ministres du 3 mars dernier, vous avez présenté une ordonnance pour favoriser l'égalité des chances pour l'accès à certaines écoles de service public. Le gouvernement a, en effet, fait de la lutte contre l'assignation à résidence sociale une priorité de son action, afin de redonner de l'espoir à la jeunesse. Vous avez souhaité que la fonction publique redevienne le symbole qu'elle a été pendant près d'un siècle et un élément fondateur de notre ascenseur social républicain. Cette ordonnance, prise dans le respect du principe constitutionnel d'égal accès aux emplois publics, met en place, à titre expérimental jusqu'en 2024, un concours externe spécial destiné à des jeunes titulaires d'une bourse de l'enseignement supérieur pour l'accès à 5 écoles de service public : l'École Nationale d'administration (ENA), l'Institut National des Études Territoriales (INET), l'École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), l'École Nationale Supérieure de la Police (ENSP) et l'École Nationale de l'Administration Pénitentiaire (ENAP).
Nous souhaitons en savoir plus sur ce concours et les classes préparatoires intégrées, intitulées « prépas talent », qui permettront de s'y préparer. Comment s'inséreront-elles dans le paysage de l'enseignement supérieur, et comment seront recrutés leurs étudiants ? Quelques classes de ce type existent déjà : quel bilan pouvons-nous en tirer, et quelles sont les évolutions nécessaires pour passer à la vitesse supérieure ?
Cette expérimentation s'inscrit dans le cadre du dispositif Talents du service public, annoncé le 11 février dernier par le Président de la République lors d'un déplacement à Nantes. Vous étiez d'ailleurs à ses côtés pour une table ronde sur l'égalité des chances, qui se tenait à l'Institut régional d'administration (IRA).
Ce plan affiche une double ambition : lutter contre l'autocensure face aux concours et diversifier la haute fonction publique. Il prévoit pour cela la mise en place de « cordées du service public », pour accompagner des jeunes vers la fonction publique via les collèges et les lycées, ainsi que la création de 1 000 places supplémentaires dans les prépas talents et le doublement de la bourse talents allouée à leurs élèves, qui passera ainsi à 4 000 euros.
Il y a quelques semaines, nous avons auditionné M. Martin Hirsch sur le rapport final du Comité stratégique sur la diversité sociale et territoriale dans l'enseignement supérieur. Il a longuement insisté sur l'intérêt des programmes de tutorat ou mentorat développés à travers le territoire. Ces dispositifs semblent en effet particulièrement adaptés pour créer du lien entre des univers qui s'ignorent et ne communiquent pas, faire tomber les peurs et préjugés, et accompagner l'acquisition des savoir-être indispensables. Quelle place le tutorat et le mentorat auront-ils dans le programme que vous souhaitez développer ?