Intervention de Michèle Victory

Réunion du mardi 16 mars 2021 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

En janvier 2020, M. Frédéric Thiriez a rendu un rapport sur la modernisation de la haute fonction publique. Il préconisait une série de mesures pour améliorer la diversité dans les grandes écoles. Un an plus tard, les annonces du gouvernement apparaissent en-deçà de ces préconisations.

Le profil moyen des futurs hauts fonctionnaires a une fâcheuse tendance à être le portrait-robot d'une seule et même personne, et d'être par conséquent un frein à de réels changements au sein de notre société. Comment les enjeux de la transition écologiques peuvent-ils être inscrits dans nos politiques s'ils sont si peu présents dans la formation de nos hauts fonctionnaires ? En termes de géographie, les étudiants de Sciences-Po représentent 76 % des admis au concours externe de l'ENA, les deux tiers aux concours de notre assemblée, et un tiers pour celui des directeurs d'hôpitaux. Certes, ces étudiants ne viennent pas tous de Paris, mais force est de constater que pour réussir ces concours il vaut mieux passer par la capitale. Ce fonctionnement défavorise nos territoires ruraux. Le déploiement des classes talents en région compensera-t-il ce phénomène ?

Qu'en est-il par ailleurs de la suppression du classement de sortie de l'ENA, qui favorise inévitablement les élèves qui ont eu l'occasion de réaliser des stages et de construire un réseau ? Il est peu productif de réserver des places à des publics particuliers s'ils ne peuvent avoir accès à tous les postes en fin de cursus.

Par ailleurs, en termes de catégories socio-professionnelles, les étudiants de l'ENA ne comptent qu'1 % d'enfants de travailleurs ou d'ouvriers. Or nous avons le devoir impérieux de lutter contre la reproduction des inégalités.

Quant à la place des femmes, la promotion 2021-2022 de l'ENA en compte 31, soit 37 % de l'effectif, et le concours de l'ENS apporte une démonstration des inégalités de genre face aux concours, puisque la suppression des oraux en raison de la crise sanitaire a provoqué une augmentation nette de la part des femmes admises. La capacité à parler en public renvoie à la confiance en soi, et donc à celle de l'égalité des chances. Pourtant, la réforme des épreuves reste en suspens, et nous le regrettons.

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