Lors de son déplacement à Nantes le 11 février dernier pour présenter le plan en faveur de l'égalité des chances dans la fonction publique, le président de la République a annoncé son souhait de traiter le mal à la racine et de réparer l'ascenseur social. Il ne dispose manifestement pas des bons outils.
Sur le fond, le dispositif que vous présentez est très décevant. L'ouverture de 1 000 places supplémentaires en classes Prépas talents, et le doublement de la bourse ou la réforme des concours, ne sauraient suffire pour répondre aux difficultés majeures des élèves des quartiers défavorisés ou de milieu modeste. Concrètement, ces annonces concernent 6 places pour le concours de l'ENA, et 5 places pour celui de commissaire de police. Une goutte d'eau qui ne permettra pas de faire entrer massivement des fils d'ouvriers ou d'employés dans les grandes écoles de la République.
Le programme en faveur de l'égalité des chances pour l'accès à la fonction publique révèle la logique individualiste et libérale du gouvernement, basée sur la compétition entre élèves et la responsabilité individuelle. Dans ce domaine comme pour la sélection à l'université, vous prônez des logiques comptables, vous privilégiez l'employabilité à l'émancipation, et votre gestion des études supérieures et de l'école en général est idéologique et nuisible à la réussite de tous.
L'endogamie sociale ne sera traitée que via des soutiens pécuniaires conséquents à l'Éducation nationale et la jeunesse. Dans son contre-budget 2019, la France Insoumise avait chiffré à 2,74 milliards d'euros les mesures comme le recrutement de 12 000 professeurs dans l'enseignement supérieur, la revalorisation de leurs salaires, et la création 44 000 nouvelles places dans l'enseignement supérieur tout en recrutant 1 250 personnels supplémentaires dans les universités. Plutôt que d'utiliser des concepts sociologiques remis en cause par les secteurs, ne préféreriez-vous pas redonner toute sa place à l'université publique ?